Alléger sa charge mentale, c'est possible !

Par Najet Messadaa

La charge mentale ça vous parle ?

Non ?! Mais si, vous savez bien, devoir penser à tout, tout le temps !

...Penser à prendre un rendez-vous pour le vaccin du petit dernier alors que vous êtes en train de boucler un dossier au travail, réaliser que la plus grande a un pique-nique demain mais que vous n'avez rien au réfrigérateur et qu'il faudra donc passer au supermarché en rentrant du travail, faire en sorte que la maison sente bon le Monsieur Propre, ranger le salon comme celui du dernier catalogue IKEA, préparer le sac de piscine...

Bref avoir des « to do » listes qui n'en finissent pas, le sentiment d'être complètement débordée et de ne plus avoir de temps pour soi.

Ah ça y est, vous voyez ! Je savais que ça vous parlerait !

Cette charge mentale concerne majoritairement les femmes qui en plus de leur carrière, doivent endosser le rôle d'une vraie chef d'entreprise à la maison, occupant tout à la fois les rôles de responsable achats, responsable ressources humaines, responsable planification, responsable maintenance...

...tout en assurant le bon fonctionnement de la maisonnée et le bien-être de chaque membre de la famille.

Selon l'INSEE, en 2010, malgré une plus grande implication des hommes, ce sont principalement les femmes qui sont en charge des tâches domestiques (64%) et des tâches parentales au sein des foyers (71%). Ces chiffres n'ont malheureusement pas beaucoup évolué depuis 1985 où ces taux étaient respectivement à 69% et 80%.

Si un équilibre dans la répartition des tâches s'établit lorsque le couple emménage ensemble, celui-ci est mis à mal à l'arrivée du bébé.

En effet, dès le retour de la maternité, puisqu'elle est en congé et que son conjoint travaille, la femme va tout naturellement prendre l'habitude de s'occuper du bébé, de prendre les rendez-vous chez le pédiatre et de s'occuper de la gestion du foyer.

De retour au travail, si la répartition n'est pas revue, la femme se retrouve alors à devoir jongler entre son travail et la maison, optimisant sa journée en prenant de courtes pauses pour pouvoir terminer plus tôt sa journée pour récupérer bébé, et enchaînant dès le seuil de la porte passé, le bain, le dîner, le coucher du bébé...

...pour finir souvent lessivée...

... Et cela, sans compter les réveils nocturnes de bébé qui peuvent durer longtemps, empêchant un vrai sommeil réparateur

Le concept de charge mentale a été introduit pour la première fois par la sociologue Monique Haicault en 1984 dans son article « la gestion ordinaire de la vie en deux », concept qu'elle a défini comme « deux univers, l'univers professionnel et l'univers domestique qui co-existent et empiètent l'un sur l'autre ».

Un concept donc différent de celui que nous avons souvent en tête, qui est celui de deux journées qui se suivent : la journée au travail, puis la journée à la maison.

La charge mentale, c'est devoir penser à un domaine alors que l'on se trouve physiquement dans un autre domaine : vous êtes au travail en train de boucler un dossier et vous pensez à la machine que vous avez oublié de lancer avant de partir.

Le terme est popularisé en 2017 par la bloggeuse Emma avec sa BD « Fallait demander » qui a trouvé écho chez un grand nombre de femmes qui se sont reconnues dans les situations qu'elle a illustrées.

L'une des planches de la BD dans laquelle beaucoup de femmes se sont retrouvées est celle où - alors que sa tâche était juste de ranger la table après le dîner - l'auteure se retrouve à lancer une machine, ranger les légumes dans le frigo, noter qu'il manque de la moutarde sur la liste de courses et finir par ranger sa table au bout de 2 heures !! 

Ça vous parle ?

Cette charge mentale est souvent à l'origine de stress, de frustration et de déception.

Stress, parce que vous n'arrivez pas à faire tout ce que vous aviez prévu de faire.

Frustration, car le reste de la maisonnée ne semble pas se rendre compte de l'effort que cela représente, ni du temps que vous y consacrez.

Et enfin, déception, parce que vous aimeriez tellement que votre conjoint et que vos enfants participent sans avoir nécessairement à le leur demander.

Vous vous sentez par moment, complètement débordée et finissez par exploser de colère et par crier sur tout ce qui bouge, réaction que votre conjoint ne comprend pas.

-       « Pourquoi ne demandes-tu pas de l'aide tout simplement ? »

-       « Ben oui, pourquoi ? »

Parce que, Messieurs, les femmes ne souhaitent pas une aide, ce qui supposerait qu'elles seraient seules responsables de la tenue du foyer. Les femmes souhaitent que leur conjoint - au même titre qu'elles - prenne part à la gestion du foyer, qu'elles n'aient plus à elles seules la responsabilité de penser à toutes les tâches domestiques et parentales.

Aider sur l'exécution des tâches ne libère pas de la charge mentale puisque votre femme devra toujours organiser, planifier et penser à vous demander d'exécuter la tâche.

Or c'est précisément toutes ces étapes qui pèsent sur la charge mentale et pas uniquement la réalisation des tâches.

Prenons un exemple, les courses. Pour en prendre complètement la responsabilité, il faudra planifier d'aller au supermarché, préparer la liste, faire et ranger les courses et pas seulement faire les courses une fois que la liste aura été préparée pour vous.

Cette coexistence des deux mondes dont parle Monique Haicault s'est d'autant plus amplifiée avec le télétravail imposé dans un grand nombre de foyers depuis la COVID, effaçant la frontière physique qui existait jusque-là entre la sphère professionnelle et la sphère personnelle.

Maintenant que le concept et l'origine de la charge mentale ont été clarifiés, voici quelques conseils pour alléger votre charge mentale et retrouver un peu de sérénité.

Considérez ces propositions comme une boîte à outils dans laquelle vous piocherez ce qui vous inspirera !

1/  Communiquez !  

Prenez le temps de partager avec votre conjoint sur le sujet : comment vous vivez cette charge mentale, ce que vous ressentez au quotidien, le soutien dont vous auriez besoin.

Pour les mamans solos, n'hésitez pas à partager avec votre famille, vos amies, qui peuvent elles aussi vous aider, ne pensez pas que vous êtes tenues de vous débrouiller seule.

Petite mise au point : crier quand la coupe est pleine, ce n'est pas communiquer, on est d'accord ?

Prenez un moment quand vous êtes calme, quand vous êtes en tête à tête avec votre conjoint pour lui expliquer tout ce dont vous vous occupez, ce à quoi vous devez penser, éventuellement le stress que cela génère chez vous.

Cette discussion doit être un échange pendant lequel vous exposez des faits.

Il ne s'agit surtout pas d'émettre des jugements ou des critiques à son égard, vous ne ferez que le braquer !

Adoptez un ton bienveillant et centrez votre discussion sur vos sentiments et vos besoins.

Une discussion apaisée vous permettra de trouver ensemble des solutions pour mieux répartir les tâches, voire décider d'en abandonner certaines.

Alors bien sûr, tout ne va pas changer du jour au lendemain, ni après une seule discussion, mais petit à petit à force d'échanger, de constater que son implication vous allège, améliore votre humeur, des changements vont s'opérer.

Des réajustements seront sans doute nécessaires mais vous serez sur la bonne voie.

J'y suis arrivée avec mon mari, pour qui sa mère faisait tout, il n'y a donc pas de raison que vous n'y arriviez pas. Je crois en vous. On ne lâche rien ! 

2/  Faites une « to do » liste

Faîtes une « to do » liste pour préparer votre journée.

Noter les tâches à accomplir sur un papier ou dans votre téléphone permet de libérer votre esprit.  

Une fois notée, vous n'avez plus à penser à cette tâche et vous diminuez l'angoisse liée à la peur d'oublier.

Ainsi, à chaque fois que vous êtes en train de faire quelque chose et qu'il vous vient en tête une action à faire, notez-la instantanément et reprenez ce que vous étiez en train de faire pour ne pas perdre le fil de ce que vous aviez commencé et ne pas vous disperser.

Pensez également à noter tout ce qui vous pollue l'esprit le soir au coucher et vous empêche de dormir, ainsi vous vous endormirez plus facilement.

Evitez de démultiplier les to do listes, centralisez toutes vos tâches à faire/à planifier dans un même endroit, à vous de choisir ce qui vous convient le mieux, un cahier, une grande feuille ou un post-it par jour.

Il est primordial que votre "to do" liste soit réaliste, nous avons souvent tendance à sous-évaluer le temps que nous passons sur une tâche, à ne pas laisser de place à l'imprévu ou à ne pas s'octroyer des moments de pauses dans la journée.

Rien de plus frustrant en fin de journée de ne pouvoir barrer que 3 tâches sur les 10 que vous vous étiez fixées.

A l'inverse, quelle satisfaction quand en fin de journée, armée de votre surligneur, vous les barrez toutes.

3/  Faites participer les enfants

Mettez les enfants à contribution en leur apprenant à mettre et à débarrasser la table, à ranger avec vous, à préparer leurs affaires...

On ne culpabilise pas surtout ! L'idée n'est pas d'en faire des Cendrillon mais de leur permettre de gagner en autonomie, de les responsabiliser et, surtout, de leur apprendre le sens du travail en équipe.

Si chacun participe, c'est autant de temps de gagné pour vous et donc plus de temps de qualité à passer avec vos enfants, plus de temps pour vous.

Plus les enfants grandissent, et plus vous pouvez les impliquer.

Commencez par exemple par les impliquer sur des tâches qui les concernent : mettre leur linge sale dans le panier, préparer leur cartable ou leur sac de piscine.

Il faudra éventuellement les accompagner dans leurs tâches les premiers temps, mais une fois l'habitude ancrée, vous serez définitivement libérée, délivrée de cette charge.

4/  Faites des pauses régulières

En télétravail, prenez des pauses régulières : des vraies pauses, pas des pauses pour lancer une machine ou le lave-vaisselle.

Profitez-en pour prendre une petite tisane, pour respirer en pratiquant la cohérence cardiaque par exemple, pour regarder les arbres par la fenêtre.... Vous pouvez aussi sortir prendre l'air, vous asseoir au soleil s'il fait beau, bref, vous recharger !

Le cerveau a besoin d'alterner des phases de travail et des phases de repos car le cerveau se fatigue, eh oui ! lui aussi ! Il est donc important de lui laisser le temps de se régénérer et de se ressourcer.

Si vous êtes à la maison, profitez-en pour faire une sieste pendant votre pause déjeuner,  une micro-sieste de 15 à 20 min vous permettra de diminuer le stress, d'amoindrir vos tensions physiques, et de gagner en performance... Et c'est la NASA qui le dit ;-)

Enfin, autre avantage, les pauses sont propices à la créativité et vous permettront de trouver de nouvelles idées et solutions.

Pour être sûre de prendre vos pauses, assurer vous de les planifier et de les caler dans votre journée, de la même manière que vous caleriez un rendez-vous ou une réunion !

Prendre rendez-vous avec vous-même est important pour ne pas vous épuiser mentalement.

5/  Oui, oui, oui, apprenez à lâcher prise !

Apprenez à lâcher prise, vous ne pouvez pas tout contrôler.

Vouloir tout contrôler contribue à alourdir votre charge mentale, c'est encore quelque chose de plus auquel penser ou quelque chose de plus à faire.

Posez-vous ces quelques questions :

  • Est-ce vraiment important ?
  • Quel sera la conséquence si je ne le fais pas ? Quelle importance ça aura dans un an ? Dans cinq ans ?
  • Est-ce que ma réaction est vraiment appropriée ? Était-ce si grave ?

Si vous ne faites pas la poussière aujourd'hui, ou encore s'il reste de la vaisselle ce soir dans l'évier, est-ce vraiment grave ?

Si la tenue qu'a choisie votre conjoint pour les enfants n'est pas celle que vous aviez prévue, est-ce vraiment important ?

Est-ce que cela justifie que vous vous emportiez ?

  • Avez-vous besoin de préparer le repas des enfants avant de sortir retrouver vos amies, les enfants ne peuvent-ils pas manger une pizza avec leur père par exemple ? L'important c'est surtout qu'ils mangent, non ? Ils mangeront de bons plats préparés les autres soirs, l'important n'est-il pas qu'ils passent une soirée sympa avec papa ?

Essayez de lâcher prise sur une ou deux tâches qui peuvent vous sembler moins importantes parmi toutes celles que vous vous imposez au quotidien, et prenez le temps de constater que ce n'est finalement pas si grave.

Les hommes y arrivent bien, pourquoi pas vous ?

6/  Dîtes au revoir au perfectionnisme!

Abandonnez le perfectionnisme, acceptez que les choses ne soient pas parfaitement faites, mais juste faites.

Là encore, prenez exemple sur les hommes.

Vous recevez à dîner… Selon vous quel est le plus important :

  • passer un bon moment avec vos amis,

ou

  • avoir fait un menu très élaboré, entièrement fait maison en vous mettant la pression et en stressant toute la maisonnée ?

Optez donc pour la facilité, pour la convivialité, demandez à vos invités d'apporter le dessert (ou achetez-le) et concentrez-vous sur le reste.

7/  Et pour finir…

Petit exercice d'écriture : Pour rester sur une note positive en fin de journée, notez tout ce que vous avez pu faire, plutôt que ce que vous n'avez pas fait.

Vous serez agréablement surprise de voir que vous aurez fait énormément de choses en une journée, des choses qui n'étaient pas forcément sur votre "to do" liste, mais qu'il était sans doute indispensable de faire.

Félicitez-vous, remerciez-vous !

Partagez aussi ce que vous avez accompli avec votre conjoint et vos enfants pour qu'eux aussi réalisent tout ce que vous accomplissez au quotidien !

Bon courage à toutes !

... et bravo aux papas qui ont déjà compris le poids que représentait la charge mentale pour leur conjointe et qui sont très impliqués dans la gestion du foyer au quotidien.

On compte maintenant sur les autres papas qui, j'en suis sûre, ne manqueront pas de suivre le même chemin !

Pour les mamans solos, on sollicite sa famille, ses amies et on utilise deux fois plus l'appli PopMoms ;-)

Najet MESSADAA

Maman de deux enfants de 12 et 16 ans, pharmacienne et directrice Qualité dans l'industrie, Dr Najet Messadaa concilie comme beaucoup de femmes carrière professionnelle, vie familiale et vie personnelle.

C'est en discutant avec ses amies et collègues que Najet réalise que beaucoup de femmes sont, à des degrés différents, victimes de cette charge et que d'en parler, d'échanger est déjà un premier pas pour l'alléger.

Persuadée qu'à travers l'écoute et les échanges, les femmes peuvent s'entraider, elle entreprend alors de créer des ateliers autour de la charge mentale qu'elle propose aux particuliers mais également aux entreprises.

A travers ces ateliers, Najet a à cœur d'offrir aux femmes un moment de convivialité, un temps pour elles, loin de leur quotidien souvent chargé, dans la bonne humeur et la bienveillance.

Vous pouvez suivre ou contacter Najet sur Instagram : najet_messadaa  ou sur sa page Facebook : "la charge mentale, on en parle" 

Pour en savoir plus ou pour participer à un atelier, écrivez lui à atelierchargementale@gmail.com

Crédit photo : 123RF Image ID: 58832513 sifotography

 

 

 

       

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