Les américains appellent ça « overparenting » et ont même inventé une expression pour les parents qui couvent excessivement leur progéniture : les parents hélicoptères !
A trop montrer d'attention, les parents sur-impliqués dans l'éducation de leurs enfants les empêcheraient de devenir des adultes autonomes.
En évitant de leur donner des corvées pour ne pas leur attribuer des tâches qu'ils considèrent comme pénibles ou pour ne pas réduire leur temps de loisir, ces parents-là agiraient de manière complètement contreproductive.
Ainsi, comme le titrait la presse française l'année dernière, « les enfants qui aident aux tâches ménagères réussiraient mieux. »
Il s'agit là de la première raison que nous avons listée plaidant en faveur d'une participation accrue des enfants aux corvées de la maison.
La seconde a trait aux temps d'échanges privilégiés que cela permet. Suivent le fait que les enfants se sentent utiles et que cela offre l'opportunité de dégager plus de temps pour soi.
Détaillons !
« The two things that really matter when it comes to parenting: Chores and love. ». En français : « Les deux choses qui comptent vraiment quand on est parent sont : les tâches domestiques et l'amour. »
Cette phrase est signée Julie Lythcott-Haims, auteur du best-seller paru en 2015 « Comment éduquer un adulte ». Elle s'appuie sur les résultats d'une étude de l'Université Harvard menée sur une période de 75 ans et qui affirme que le succès professionnel est lié aux tâches ménagères réalisées lorsqu'on est encore enfant.
Très médiatisée, Julie Lythcott-Haims ne cesse de souligner qu'il faut commencer tôt à être impliqué dans les tâches domestiques, et que confier des 'corvées' aux enfants, c'est leur montrer que ces tâches doivent être réalisées tout en leur apprenant à coopérer pour y parvenir.
Un article du Monde, publié en avril 2015, se réfère à plusieurs études pour démontrer que déléguer des tâches ménagères aux petits serait bénéfique pour leur réussite future alors que les parents les en dispensent souvent.
A titre, d'exemple, « aux Etats-Unis, en 2002, la chercheuse Marty Rossmann a exploité les données d'une étude longitudinale conduite auprès de 84 enfants à 3-4 ans, à 9-10 ans, à 15-16 ans, puis une dizaine d'années plus tard.
Plus que leur mode d'éducation ou leur QI, la participation des enfants à des tâches domestiques à l'âge de 3 ou 4 ans s'avérait le critère le plus pertinent pour déterminer leur réussite plus tard, cette dernière étant définie par de meilleures relations avec leurs proches, de meilleurs résultats scolaires et l'indépendance économique. »
Des résultats qui n'ont pas étonné l'anthropologue Carolina Izquierdo qui a étudié la façon dont les enfants sont chargés des tâches domestiques en Californie, chez les Matsigenka (un peuple installé dans la partie amazonienne du Pérou), et dans les îles Samoa.
En confiant des tâches aux jeunes enfants, a-t-elle observé, « on leur laisse l'occasion de faire des erreurs, d'apprendre de leurs erreurs, avant de les laisser conduire ces tâches intégralement, ce qui leur donne confiance en leurs compétences ».
Elle ajoute encore : « La participation domestique développe aussi l'empathie, puisque vous êtes plus attentif à ce que font les autres. »
Déléguer, ce n'est pas forcément laisser l'enfant faire tout, tout seul. Et cela vaut pour lorsqu'il est petit et aussi tout autant que lorsqu'il est plus grand.
Pour un enfant, aider lors des tâches ménagères est une occasion de passer du bon temps avec au moins l'un de ses parents. Et réciproquement. Le temps des corvées peut tout à fait être envisagé comme un temps de partage parents/enfants, ce temps de partage que les enfants réclament tant !
Travailler ensemble, de concert, permet de prendre le temps de discuter ou simplement de jouer. Car oui, les corvées peuvent être ludiques !
Afin d'associer travail et plaisir, il est également possible de réaliser certaines tâches en chantant ou en dansant sur la musique. Et pour rejoindre ce qui est mentionné juste avant, pourquoi ne pas se fixer un challenge ludique ? Par exemple, finir de passer l'aspirateur avant la fin de la chanson !
Selon Alfred Adler (1870-1937) et son disciple Rudolf Dreikurs (1897-1972), les psychiatres autrichiens qui ont théorisé ce qu'on appelle aujourd'hui la discipline positive (qui offre aux parents et enseignants un ensemble d'outils basés sur les écrits de Jane Nelsen), l'être humain est un être social qui a besoin de satisfaire un sentiment d'appartenance et de contribution pour se sentir bien au sein d'un groupe, Adler décrivant l'être humain comme un être social qui se construit dans et par le lien.
La discipline positive met ainsi en avant le fait qu'il convient de donner aux enfants et adolescents des opportunités de participer à la vie de famille car ils ont besoin de se sentir utiles et d'appartenir à un groupe.
« A chaque fois qu'un enfant aide à la maison, quelle que soit l'importance de la chose, cela lui donne une utilité sociale. Plus il se sent reconnu et valorisé, moins il a besoin de recourir à des comportements inappropriés pour avancer », explique Béatrice Sabaté, psychologue clinicienne, présidente de l'association Discipline Positive France, dans un article de la revue Le Pédiatre.
S'il faut laisser l'enfant procéder à son rythme, la délégation de tâches peut néanmoins permettre aux parents de dégager un peu de temps pour eux.
Car - en théorie, en tout cas - ce qui est fait n'est plus à faire ! Même si, dans un contexte familial, faire à deux n'est pas toujours faire deux fois plus vite, des tâches effectuées à plusieurs mains permettent souvent de gagner du temps.
Quelques conseils
Pour que la délégation de tâches domestiques se passe au mieux, il convient de respecter certaines recommandations :
Les adeptes de la Discipline positive conseilleront, sûrement, d'adopter une posture à la fois ferme et bienveillante !
Des supports peuvent être utilisés en appui. Applications mobiles, jeux de société : plusieurs ressources existent.
Certaines familles préféreront formaliser les tâches de chacun, oralement ou par écrit, posant un cadre que tout membre de la famille devra définir, accepter et respecter !
Une idée : créer un manifeste, accroché à la porte de la cuisine ou dans un lieu accessible à tous qui rappelle les tâches à observer par tous, et entreprendre de décorer le manifeste tous ensemble !
Enfin, beaucoup de parents ont recours au système de bons points et de récompenses qui, pour les tout petits, est une motivation plus forte que tous les mots !
Et chez vous ? Comment les tâches ménagères sont-elles réparties ? Vos enfants participent-ils au bon fonctionnement de la maison ?
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Sources :
Un article signé Yaël Landau pour PopMoms, tous droits réservés©
Yaël Landau est maman de 4 enfants. Journaliste et blogueuse, elle a aussi créé 8h45.com, un nouveau média destiné aux parents !
Crédit photo : merci à max-goncharov-625787-unsplash.