Mon enfant ne mange pas, que faire ?

Par POPMOMS

C'est le cauchemar de bon nombre de parents !

Il y a les cas extrêmes : le bébé qui rejette le biberon ou qui refuse toute nourriture solide, l'enfant qui n'a jamais faim et qui est tout maigre, l'adolescent qui ne mange presque pas et que l'on suspecte d'anorexie...

Il y a aussi les cas banals du quotidien, les cas les plus fréquents : l'enfant qui boude son assiette et qui peut se tenir sans manger pendant des heures ! Celui qui refuse catégoriquement de manger des légumes, l'autre encore qui fait des caprices dès qu'on lui présente un plat nouveau...

... Que les enfants soient petits ou grands, le moment du repas peut être un véritable défi, et un véritable sujet de préoccupation pour le parent.

 

Des solutions pour amener son enfant à manger plus facilement

 

1/ AVEC LES PLUS PETITS

 

Vous proposez à un enfant de la nourriture, il la rejette.

S'il est tout petit, c'est un défi particulier, parce qu'il ne peut pas être raisonné, et qu'il ne peut non plus être contraint à manger ! (ce qui n'est pas une bonne chose de toutes façons ;-)

La priorité est donc de l'amener à s'alimenter de manière saine pour qu'il reste en bonne santé.

De ce fait, l'enjeu est de le conduire à accepter la nourriture qu'il met en bouche... et cela dès la diversification alimentaire !

 

Les parents développent plusieurs stratégies avec les tout-petits :

  • Le jeu : on se souvient tous de l'avion-cuillère que l'on fait voler autour de la tête de l'enfant avec un vrombissement des lèvres, avant qu'il atterrisse dans la bouche que l'enfant consent à ouvrir !
  • Le sucre : l'enfant va naturellement aimer les aliments plus sucrés ou plus salés... même si ceux si ne sont pas recommandés, et qu'ils favorisent de mauvaises habitudes alimentaires, ils servent parfois de soupape aux parents désespérés (une compote de pomme qui n'est pas artificiellement sucrée ne sera pas dommageable, même à répétition)
  • Les formes et les couleurs : les pages Instagram regorgent d'assiettes représentant la nourriture sculptée ou assemblée de manière à représenter quelque chose, le plus souvent un animal (tête de chat, de panda, d'ours). Soyez créatif ! Préparez des assiettes avec des formes et couleurs amusantes (photos ci-dessous). Exclamez-vous vous-même sur l'œuvre que vous lui présentez !  Encouragé par votre émerveillement, le petit enfant sera plus enclin à considérer son assiette, surtout si elle a une forme ludique et qu'il peut l'apparenter à quelque chose. Ainsi, si vous lui présentez des aliments qui constituent une tête de girafe par exemple, l'enfant se fera un plaisir de « démonter » l'animal et de manger les parties colorées qui le constituent.

assiettes créatives

nourriture sculptée pour enfants

 

De manière générale, si votre enfant refuse un aliment, n'insistez pas trop et ne vous découragez pas, vous pourrez le lui proposer un autre jour sous une autre forme et dans un contexte différent.

 

Par ailleurs, si votre enfant semble en forme et qu'il aime manger les mêmes aliments tous les jours, ce n'est pas plus grave que ça si le pédiatre le trouve en bonne santé et que son transit intestinal est bon.

 

Tout naturellement, avec le temps, et en fréquentant d'autres enfants, il s'ouvrira à de nouveaux aliments et à de nouvelles saveurs, parce que l'enfant grandit et apprend naturellement par imitation. 

 

Enfin, si son poids et sa courbe de croissance sont normaux, ne vous inquiétez pas, c'est que votre enfant absorbe la nourriture qu'il lui faut.

 

Laisser les tout-peits jouer avec de la nourriture, oui ou non ?

 

On a tous cette fameuse phrase en tête : « on ne joue pas avec la nourriture ». Et pourtant, la découverte d'un aliment ne passe pas nécessairement d'abord par le goût. Un enfant découvre en premier l'aliment par la vue et par le toucher.

 

Manger est une pure expérience sensuelle qui fait appel à toutes ses facultés sensorielles. D'où l'importance de laisser le petit enfant jouer avec la nourriture, en sentir la texture... Il va la malaxer, la laisser couler entre ses doigts, la porter à la bouche, et même la recracher.

C'est un moment qui n'est pas agréable pour le parent, mais les dégâts s'anticipent chez les tout-petits, en mettant la chaise haute sur le carrelage de la cuisine, et des vêtements un tablier en plastique pour éviter les tâches sur les vêtements. 

 

Manger c'est explorer : découvrir des saveurs, des textures variées, des couleurs et des formes... et même se familiariser avec la température de l'aliment. Tiède, chaud, froid... tout relève de l'exploration pour le petit enfant.

 

Un enfant que l'on autorise à explorer les aliments qui lui sont servis avec ses 5 sens (vue, odorat, toucher, goût, et même ouïe, puisque certains aliments sont jouissifs à croquer... comme les concombres ou les pommes !) développera un sens de la curiosité, et sera plus enclin à adopter des habitudes alimentaires saines.

 

Les études corroborent ces faits : les enfants qui ont eu l'autorisation de manipuler librement leur nourriture développent des habitudes alimentaires plus saines en grandissant, alors que ceux qui ont eu un rapport plus rigide à la nourriture sont plus enclins de développer par la suite des troubles alimentaires.

Distraire les tout-petits pour les faire manger, jusqu'à quel point ?

Autrefois, les parents avaient recours au jeu de l'avion pour faire manger leur enfant. Il s'agissait de le distraire et de l'amuser, histoire qu'il ouvre la bouche au moment de l'atterrissage de l'avion, symbolisé par la cuillère chargée de nourriture qui s'enfonçait dans sa bouche, terrain d'atterrissage !

 

Aujourd'hui, un nombre croissant de parents proposent à leurs très jeunes enfants (même à un an et demi !) de manger devant l'écran de leur mobile en visionnant une vidéo YouTube. Certains enfants sont littéralement hypnotisés, et ouvrent mécaniquement la bouche, indifférents à la nourriture qu'ils absorbent, tant ils sont absorbés par l'écran...

 

En agissant ainsi, on prive l'enfant du rapport sensuel à la nourriture. Il ne prend pas conscience des aliments qui lui sont proposés, à leur texture, à leur goût... Il entretient un rapport abstrait à la nourriture, mais aussi à son corps.

 

De plus, les études ont prouvé qu'un enfant qui mange devant un écran est moins sensible à la sensation de satiété. Avec le temps, il est ainsi plus exposé au risque d'obésité.

 

Pour autant, manger parfois en famille devant un film, peut constituer un rituel de plaisir, de complicité et de cohésion familiale. Une soirée popcorn hebdomadaire n'aura pas de conséquence néfaste. Au contraire, dans ce cas, l'exception est favorable au développement de l'enfant et apporte de la souplesse à la règle quotidienne.

 

2/ AVEC LES PLUS GRANDS

 

Vous avez servi le repas à table ou dans son assiette, et votre enfant n'en veut pas.

 

Si c'est un nouvel aliment, il important de lui inculquer la curiosité de découvrir. Une bouchée seulement, à chaque fois que le plat sera servi à table. Comme en témoigne une maman, la répétition d'un micro-effort (une petite bouchée seulement) permet à l'enfant de s'habituer au goût, sans pour autant lui faire violence.

 

Myriam, maman de deux enfants, partage son expérience :

  • « D'origine libanaise, je n'avais pas pour autant fait découvrir à mes enfants les mezzés de mon enfance, comme le hommous, une purée de pois chiches très populaire et bénéfique pour la santé. Mon fils faisait la grimace en voyant cette purée et n'était pas enclin à la goûter. Je n'exigeais de lui qu'une tout petite bouchée, à chaque fois que ce plat était servi, et je lui mettais la purée dans un morceau de pain, pour en atténuer le goût. Avec le temps, c'est devenu un de ses plats préférés »

Pour autant, si l'enfant a un dégoût viscéral pour l'aliment, le forcer à le mettre en bouche peut constituer une violence, et être totalement contre-productif !

 

Carmen, maman de deux enfants, en témoigne :

  • « Mes parents étaient stricts, et il fallait que je mange de tout à table. Je n'aimais pas la viande, et j'étais particulièrement dégoûtée par la peau de poulet. Le mot peau évoquait la peau humaine, et la perspective de manger de la peau d'un animal me révulsait. Mes parents auraient pu m'en dispenser, mais fois après fois, on me servait le poulet avec sa peau, et j'étais contrainte de finir mon assiette, et de manger toute la peau, même si j'en pleurais et que j'avais envie de vomir, corps et âme. »

Et elle ajoute

  • « Avec mes enfants j'ai trouvé un compromis. Je ne les force jamais à manger un aliment qu'ils rejettent conceptuellement, comme des escargots ou des poulpes. De plus, ils ont droit à deux « jokers » :  c'est-à-dire que chacun de mes enfants peut choisir deux aliments desquels ils seront toujours dispensés, même si ceux-ci sont servis à table. Ainsi, ils suivent la règle familiale qui est de manger de tout, mais ils se sentent aussi compris et respectés quand ils sont dispensés de manger l'aliment qui les dégoûte. »

Valérie, quant à elle, adopte la stratégie de ne pas gaver l'enfant, au contraire, de lui servir de toutes petites portions afin que l'enfant sollicite plus de nourriture ! 

  • « Jeter de la nourriture m'horripile, et c'est également contre mes principes de forcer un enfant à finir son assiette. Alors je leur sers très peu, qu'ils aiment le plat ou non. Ce sont eux qui en redemandent. Aujourd'hui, ils ont pris l'habitude, au moment où je leur sers, de me dire : maman encore ! »

Nous avons aussi sollicité l'avis de papas. Ainsi, Michaël, jeune papa et médecin d'origine australienne préconise quant à lui de ne pas accorder la même importance à tous les repas :

  • « S'il ne mange bien que deux fois par jour, et qu'au troisième repas il n'a pas faim, c'est ok. Un enfant n'a pas besoin de manger 3 fois par jour. Le nombre de repas par jour, le type d'aliment servi et la quantité sont des facteurs très culturels. En Australie par exemple, le petit-déjeuner est traditionnellement le repas le plus important de la journée, il constitue ce qui représente pour les européens le déjeuner. »

Enfin, pour Céline, maman psychologue, il est important de ne pas mettre trop d'enjeu sur le repas.

  • « Si l'enfant sent que c'est pour vous un gros enjeu qu'il mange, il pourra — même inconsciemment — en faire un levier de manipulation émotionnelle. La nourriture peut alors devenir pour lui une façon de tester son pouvoir... »

Elle ajoute :

  • « Et inversement, si faire manger son enfant relève pour un parent d'un jeu de pouvoir, il est sûr de perdre ! Si vous menacez votre enfant en faisant miroiter diverses punitions qui l'attendent s'il ne termine pas son assiette, vous ne parviendrez qu'à vous épuiser inutilement ! Parce que même si votre enfant cède sous vos menaces, ce sera le même petit jeu à chaque repas... Une façon finalement pour lui de tester son pouvoir sur vous ! » (...) « Il faut que l'enfant connaisse les règles mais que le tout soit dépassionné. Par exemple, lui dire : "On a vingt minutes pour dîner tous ensemble, si tu n'as pas terminé ce n'est pas grave, mais tu n'auras rien d'autre à manger ! »

Marine, coach pour enfants, abonde dans le même sens :

  • « On a trop souvent peur que l'enfant ne mange pas le soir, mais ce n'est pas grave en soi qu'il soit privé de repas de son propre chef ! Si mon fils ne veut pas manger ce que je lui ai servi, et qu'il ne touche même pas son assiette, je n'en fais pas un drame. Par contre, il est très clair qu'il n'aura droit à rien d'autre. Et s'il redescend de sa chambre une heure plus tard en me disant qu'il a faim, je lui réponds très factuellement que le repas est terminé, et que la prochaine fois, il s'en souviendra ! »

Pour Inès de Franclieu, coach parental d'exception et maman de famille nombreuse, il est bon d'édicter les règles de manière claire et positive, en témoignant de l'empathie, et en usant du « pour que ça se passe bien »

  • « Je comprends que tu n'aimes pas trop les carottes, mais ça fait partie du menu de ce soir. Pour que ça se passe bien, et que l'on profite tous ensemble de ce repas, toi compris, je t'en sers très peu. »

Inès préconise même de « diminuer la montagne » si nécessaire, en proposant à l'enfant de lui enlever une partie de ce qui lui est servi. L'enfant se sent à cet effet compris et pris en considération. Cette empathie et esprit de conciliation sont, selon elle, positifs, pour autant que les règles définies soient respectées : en l'occurrence, que l'enfant mange ce qui lui est proposé après que les quantités ont été diminuées.

  • « S'il ne termine pas son assiette, il ne peut pas passer au dessert. Et après que tout le monde a mangé son dessert et que l'on a débarrassé la table, sa plage d'action est terminée. Il va au lit et tant pis s'il n'a pas mangé grand-chose. Entre-temps, je l'aurai prévenu, lui rappelant les règles de la maison (tu te souviens que pour avoir droit au dessert tu dois terminer ton assiette ?). »

Il est très important que l'enfant vive les conséquences de ses choix pour en tirer des leçons et s'ajuster, même si cela demande un temps d'adaptation et crée chez lui à court terme un sentiment de frustration.

 

3/ QUEL QUE SOIT L'ÂGE DE L'ENFANT

Cuisiner ensemble, une solution gagnante pour tous les âges 

 

Manger est un plaisir d'autant plus grand pour certains, qu'ils ont eu du plaisir à préparer le repas.

 

Impliquer l'enfant dans le repas, en l'invitant à cuisiner avec vous, à lécher les casseroles, à jouer au sous-chef, est la meilleure façon de l'inciter à aimer la cuisine et les repas qui leurs seront servis.

 

Un enfant peut adorer le rôle de sous-chef, avec un tablier à sa taille, et des tâches et responsabilités particulières.

 

Les plus petits pourront écraser des fruits (par exemple des bananes mûres), touiller les mélanges, battre un œuf, ajouter la crème...

 

...Vous l'aurez compris, les tâches seront pour lui ludiques et valorisantes. Et quel bonheur pour lui, au moment de passer à table, de revendiquer sa part dans la concoction du repas !

 

Les plus grands pourront quant à eux s'essayer seuls à des recettes faciles : des salades, des rouleaux de printemps, des desserts faciles (comme de la crème au chocolat)... Ils pourront également s'essayer à la sculpture d'aliments (par exemple des fruits), et apprendront par la même occasion à manier de manière sécuritaire un couteau.

 

Sandrine témoigne :

  • « Je me suis mise à adorer les fruits et plus particulièrement les oranges en apprenant à les éplucher de manière circulaire. Le défi était d'avoir une seule pelure pour toute l'orange, et de ne pas la blesser. Mes oranges étaient appétissantes, et j'étais tellement fière que j'offrais aussi de les éplucher pour mes grands frères et mes parents à table ! »

Supprimer le grignotage, et manger à heures fixes

Les personnes qui ont une belle ligne et une bonne hygiène alimentaire ne mangent pas en dehors des repas.

 

Un enfant est bien sûr enclin à prendre des collations, et c'est une habitude alimentaire positive pour autant que la collation proposée soit saine (éviter les bonbons), que l'horaire soit respecté (10 heures le matin et 16 heures l'après-midi par exemple) et que les quantités de nourriture proposées soient maitrisées (1 ou 2 yaourts, mais pas 3)

 

Faire du repas un moment de partage et d'interaction

 

Le moment du repas est traditionnellement un moment d'échanges et de partage.

 

Manger en racontant aux autres membres de la tablée sa journée, constitue pour l'enfant un vrai rempart anti-solitude, et maintient les liens qu'il entretient avec ses parents et sa fratrie. Les repas familiaux rassurent et créent de la cohésion, un sentiment d'appartenance au clan familial. En ce sens ils contribuent à rassurer l'enfant.

 

Manger avec ses enfants, ou encore être assis à leurs côtés au moment du repas chez les plus jeunes, c'est leur transmettre de l'amour, des valeurs, et les aider à s'ouvrir au monde à travers la découverte de nouveaux aliments et textures. On peut dire que manger, c'est aimer !

 

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