Faut-il faire des promesses à nos enfants ?

Par LMT

« En faisant une promesse on contracte une dette » écrit le poète Canadien Robert William Service. 

Qu'en est-il quand il s'agit de nos enfants ?

Quelle est la portée des promesses rapidement concédées pour leur faire plaisir ou avoir la paix ?

Souvent, on veut faire plaisir à son enfant, alors on lui promet quelque chose qui va allumer des étincelles dans ses yeuxD'autres fois, on est juste débordé ; on n'écoute pas vraiment ce qu'il demande et, pour avoir un peu de paix ou pour éviter une crise, on lui dit juste « Oui, d'accord », et on s'engage ainsi sans avoir pris le temps de réfléchir et de vérifier son calendrier. D'autres fois encore, on dit « oui »... tout simplement parce qu'on ne sait pas dire « non » : on est un peu faible, et on projette ainsi sa peur de déplaire ou de causer de la peine.

Lorsque le moment de tenir sa parole arrive, on ne veut plus ou on ne peut plus, et on revient sur ce qui constituait pourtant une promesse.

On aura beau se dire qu'on a juste dit « oui » ou « d'accord », il reste que, même quand on n'utilise pas le mot « promettre », acquiescer à une demande, c'est s'engager.

Faut-il éviter de s'engager pour autant ? Faut-il s'abstenir de faire des promesses à ses enfants ?

Ce serait bien dommage, parce qu'une promesse crée chez l'enfant une attente, la perspective d'un bonheur à venir, des rêves, de l'impatience.

Cela lui fait envisager l'avenir favorablement, avec confiance, et l'amène à entretenir la notion de projet.

Si les parents tiennent leur promesse, cela leur donne du poids, de l'autorité et, bien sûr, de la crédibilité. Cela les aide aussi à transmettre de bonnes valeurs à leurs enfants : ces derniers apprennent à réfléchir avant de s'engager, et à tenir parole. Ils apprennent aussi à être conséquents avec eux-mêmes. 

Si les parents ne tiennent pas leur engagement systématiquement et oscillent comme des girouettes au gré de leur humeur et de leur agenda, l'enfant ne saura jamais s'ils tiendront ou non parole. Le modèle que transmettent en est un de non fiabilité et d'incohérence.

Leurs promesses prennent alors l'allure de mensonges. Tout cela suscite chez l'enfant des émotions défavorables, comme la colère, la déception et la frustration, et même l'angoisse de l'incertitude.

Si l'enfant en arrive au point de ne plus croire en ses parents et de ne plus avoir d'attentes, car leurs revirements sont plutôt systématiques, c'est que les adultes en question ont perdu leur crédibilité à ses yeux, et le pacte de confiance qui était établi avec eux est rompu.

L'enfant risque aussi de se sentir dévalorisé, car il remet en question l'importance qu'il estime qu'il a aux yeux de ses parents, et à ce sentiment négatif peut s'associer une perte de confiance non seulement en l'autre, mais aussi en soi.

Ce n'est plus la colère mais la résignation qui dominera ses sentiments. Et celle-ci est loin d'être toujours constructive.

Il est évident que la vie est faite d'imprévus et que la meilleure volonté du monde ne peut empêcher certains changements au programme. C'est normal, et cela peut être expliqué tendrement à l'enfant en l'aidant à surmonter sa déception, en reportant ce qui était prévu ou, lorsque cela est impossible, en s'entendant avec lui sur autre chose qui lui fera plaisir et lui mettra du baume sur le cœur.

Mais de tels moments doivent être réservés aux cas majeurs. Ni la fatigue, ni le stress, ni les changements d'humeur ne constituent de bonnes raisons de ne pas respecter ses engagements.

Enfin, rappelez-vous que, s'il est vraiment important de tenir sa parole quand on s'engage à faire quelque chose, et si le oui devrait être oui, de même, le non devrait rester non !

Il faut savoir refuser des choses à son enfant, combler ses besoins, mais ne pas céder à tous ses caprices.

Quant aux menaces déguisées sous forme de promesses négatives, par exemple « Si tu ne fais pas ceci, alors je te priverai de cela » ou « alors je ne te parlerai plus », et quant aux menaces qu'on sait qu'on ne tiendra pas, eh bien ! elles sont vaines et nuisibles, et elles sont à proscrire. 

On ne peut s'empêcher, pour conclure cet article, d'évoquer le roman autobiographique « La promesse de l'aube » de Romain Gary, paru en 1960. 

Romain Gary fait le récit de son enfance et de sa jeunesse auprès de sa mère, qui lui témoigne dès son plus jeune âge un amour et une foi inconditionnels en son talent. Romain, en grandissant, sera prêt à tout pour faire coïncider sa vie « avec le rêve naïf » de sa mère.

Elle lui avait promis un destin unique : artiste adulé, héros de guerre, écrivain reconnu... Ces promesses façonneront son destin, et le pousseront à donner le meilleur de lui-même, à se dépasser constamment, mais elles le feront également vivre dans l'angoisse de ne pas être à la hauteur...

Les promesses ont quelque chose de magique ! Elles tiennent de la féérie, pouvant être bénéfiques ou maléfiques. Il faut savoir en user avec justesse et parcimonie, pour conserver la puissance de leur portée.

Partagez avec nous votre retour d'expérience sur les promesses — tenues ou non

       

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