« N'éteins pas la lumière ! », « Laisse la porte ouverte ! », « J'ai peur du loup », « Il y a un monstre derrière les rideaux »...
Beaucoup d'enfants ont peur du noir. Réminiscence de personnages effrayants sortis de leurs contes d'enfants ? Résurgence de scènes vues à la télévision qui soudainement s'infiltrent dans leur imagination ?
Dans l'obscurité, les petits perdent leurs repères ; en ne voyant plus ce qui les entourent, ils ne peuvent plus vérifier ce qui se passe, et le pire peut arriver dans leur imagination.
Celle-ci s'en va au galop, et ils perdent souvent le contrôle de sa bride. Le moindre bruit, des contours mal définis, un frémissement, une ombre, un mouvement emballent leur imagination, deviennent des monstres, des animaux féroces, des créatures malfaisantes... Ces habitants du noir sont prêts à bondir sur eux dès que vous aurez quitté la pièce, et vos petits ne pourront pas s'endormir avant de se sentir en sécurité.
Paradoxalement, pourtant, ce ne sont pas les histoires qui créent leur peur du noir, mais leurs peurs profondes anesthésiées par les distractions de la journée, comme la peur de la mort ou encore la peur de la séparation.
Les histoires et les contes qu'ils aiment et redoutent à la fois sont en réalité des exutoires de terreurs bien plus profondes et enfouies. AInsi, leurs craintes ne sont pas aussi puériles qu'elles apparaissent...
L'obscurité libère l'angoisse de la séparation
À la peur du noir, à la difficulté de distinguer le réel de l'imaginaire, peut se greffer l'angoisse de la séparation.
Les enfants sont talonnés par une question : serez-vous encore là lorsqu'ils ouvriront les yeux ou aurez-vous disparus à leur réveil ?
Parfois, c'est parce qu'ils n'ont pas le sentiment d'avoir passé assez de temps avec vous : tôt le matin, ils sont allés à la garderie ou à la petite école, et, quand ils sont revenus le soir, à peine ont-ils profité de votre présence qu'ils devaient déjà aller se coucher.
Lorsqu'ils se retrouvent seuls dans leur chambre, leur peur du noir est accentuée, car elle est associée à l'absence.
D'après le pédopsychiatre Michaël Larrar, « fondamentalement, ce n'est pas le noir qui fait peur aux enfants dans la peur du noir ; c'est un petit tour que leur joue leur inconscient, qui, lui, est affublé d'angoisses plus profondes, alors il prend le noir comme coupable. »
À mesure que les enfants grandissent et qu'ils se mettent à éprouver des sentiments ambivalents envers une même personne (amour, ressentiment, culpabilité, colère, etc.), les émotions contradictoires et violentes qu'ils éprouvent ressortent la nuit, quand ils sont seuls dans leur lit et que leur esprit a la latitude de les ressasser… et de culpabiliser : leur peur inconsciente du châtiment prend alors parfois la forme de monstres qui vont les punir pour avoir entretenu de mauvaises pensées.
Nuit après nuit, donc, quand l'heure du coucher approche, les craintes des enfants se réveillent, leurs peurs tapies pendant le jour resurgissent, leurs angoisses explosent, alors le rituel du coucher se prolonge, et l'endormissement se fait attendre. Parfois, c'est au milieu de la nuit que le méchant surgit dans leur esprit et que l'enfant se réveille après un cauchemar…
Aider un enfant à contrôler ou à vaincre sa peur
Ne pensez pas que vous l'encouragez ainsi à être peureux, en ne le forçant pas à dormir dans le noir : vous devez l'aider à s'armer pour affronter ses peurs tout seul, mais cela ne se produira pas du jour au lendemain, ni en l'obligeant à vivre la nuit dans l'angoisse. Il n'en serait que plus fatigué le matin, au réveil. Veillez aussi à ce que la lumière que vous laissez ne soit pas assez forte pour perturber son sommeil en nuisant à la production de mélatonine par son cerveau.
Malgré la lumière, il a encore peur ? Écoutez-le et essayez de le comprendre lorsqu'il vous confie ses angoisses, même si elles vous semblent irrationnelles et si vous avez un peu oublié que vous aussi, à son âge, êtes passés par là.
Pour lui, ses craintes sont bien réelles, et il sera réconforté si vous le prenez au sérieux tout en l'aidant à déconstruire ses peurs et à dédramatiser la situation.
Racontez-lui comment vous êtes parvenu à dominer votre peur du noir.
Changez-lui les idées en le rassurant, en lui montrant qu'il n'y a pas de danger et en l'aidant à se concentrer sur quelque chose de positif et d'agréable : vous pouvez ouvrir ses armoires pour lui prouver qu'aucun monstre n'est caché dedans ou éclairer les recoins sombres, lui rappeler que les animaux sauvages sont confinés aux zoos ou aux grands espaces naturels, que les monstres n'existent pas et que vous êtes là pour vous assurer que rien de mauvais ne lui arrivera.
Il a fait un cauchemar au milieu de la nuit et ses cris vous ont réveillé, ou il est venu vous retrouver dans votre lit ? Consolez-le et, encore là, rassurez-le. Laissez-le vous décrire les images qu'il a vues en dormant, puis amenez-le à sortir doucement de ce monde imaginaire qui l'a terrorisé ou de ses craintes réelles qui se sont exprimées sous forme de cauchemar. Aidez-le à distinguer la réalité d'avec son imagination, et redites-lui que les monstres, les sorcières ou les fantômes n'existent pas, et que les animaux sauvages ne peuvent pas entrer dans la maison, etc. Une fois que vous l'aurez tranquillisé, vous pourrez le recoucher. Attention ! si ce processus se répète nuit après nuit, vérifiez si votre enfant a pris l'habitude de vous appeler parce qu'il a compris que c'était la formule magique pour se retrouver à vos côtés. Ainsi, s'il n'est pas capable de vous décrire son cauchemar, méfiance ! Ne l'habituez pas à dormir à vos côtés.
Ses cauchemars nocturnes se répètent réellement nuit après nuit ? Cherchez à savoir ce qui le tarabuste vraiment et la source de ses insécurités. Si rien n'y fait, il vit probablement des angoisses profondes qui le perturbent, et il vous faudra peut-être consulter votre pédiatre ou votre médecin traitant.
Vous remarquez que ses cauchemars et ses craintes ont soudainement pris de l'ampleur ? De gros changements dans le quotidien, des événements importants dans sa vie, comme l'entrée à l'école, votre déménagement, votre divorce, la perte d'un être cher peuvent susciter son insécurité, accroître son angoisse et accentuer sa peur du noir.
La peur du noir s'apprivoise tranquillement : elle ne disparaît pas du jour au lendemain. Elle s'effiloche plutôt au fil du temps, à mesure que l'enfant apprend à faire la part des choses. Il vous faut donc vous armer de beaucoup de patience et d'amour, et retrouver votre cœur d'enfant pour mieux les comprendre.
Votre enfant à peur du noir ? Partagez avec nous vos retours d'expérience !
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