Inscrire son enfant à l'école classique, qu'elle soit publique ou privée... c'est le choix de la majorité des parents.
Toutefois, certains parents optent pour une voie marginale et décident d'instruire leurs enfants autrement. Ils les déscolarisent pour prendre pleinement en charge leur éducation ou encore décident de les inscrire dans des écoles « alternatives » qui prennent en compte leur personnalité et valorisent leur créativité.
Quelle système éducatif convient le mieux à vos enfants ?
Notre enquête vous aidera à y voir plus clair !
L'histoire vraie de Ben Cash, magnifiquement illustrée dans le film "Captain Fantastic" du réalisateur Matt Ross, largement primé au Festival de Cannes et au Festival Sundance, relate l'histoire vraie d'une famille qui a choisi de vivre en autarcie dans une forêt du nord-ouest américain.
Ben Cash, citoyen américain, s'installe avec sa femme au plus profond de la fôret, loin de la ville et de la société de consommation américaine, pour se consacrer pleinement à l'éducation de ses 6 enfants.
Ensemble, ils cultivent le sol, chassent, pêchent, escaladent les falaises et dévalent les montagnes, s'interrompant pour s'initier à la philosophie, à la politique, à la littérature, aux langues, au dessin, à la sculpture et à la musique...
Ce film très émouvant relate les joies de ses enfants en pleine immersion dans la nature, et la mort prématurée de leur mère, qui va les forcer à quitter leur petit paradis naturel.
Les enfants devront alors faire face aux nouveautés et aux périls d'un monde qui leur est étranger.
Leur éducation hors du système scolaire n'empêchera pas l'un des enfants d'être par la suite reçu à la prestigieuse université de Harvard pour entamer un cursus universitaire hors normes...
En réalité, les motifs varient selon les parents :
Bref, il existe toute une panoplie de raisons pour lesquelles il y a des enfants qui sont éduqués à la maison : elles visent soit à les faire rentrer dans un moule très particulier, soit, au contraire, à les tenir loin d'un moule considéré comme constricteur et commun alors que les êtres humains sont si différents les uns des autres, avec leurs forces et faiblesses particulières.
Bien sûr, c'est une minorité de parents qui tranchent aussi radicalement : moins de 1 % en France, autour de 4 % aux États-Unis.
Tant que les enfants reçoivent de l'instruction, les parents ont le droit ne pas les mettre à l'école : c'est légal. Cela fait partie des droits de l'homme et des libertés fondamentales[1].
En France et ailleurs, l'État surveille quand même la progression des enfants pour s'assurer que ceux-ci ne sont pas privés d'instruction.
Cette façon de procéder est pourtant loin de faire l'unanimité : elle crée des disparités pas toujours heureuses, d'abord parce que les écoles ont leurs raisons d'être : souvent, les programmes sont bâtis en fonction des besoins de la société et favorisent la formation de l'individu, et la pédagogie repose généralement sur des recherches à long terme sur la cognition et la pédagogie.
Il est évident qu'il est possible de vivre « autrement ». Des personnes ayant grandi en dehors du système scolaire « normal » ont fréquenté les plus grandes universités. Mais c'est parce qu'ils avaient le niveau requis et les compétences nécessaires pour entrer dans ces universités, ayant suivi un programme qui leur permettait de "réintégrer le système" lorsque nécessaire.
La question n'est pas de savoir si l'école à domicile est théoriquement bonne ou mauvaise, mais de s'assurer que, si l'on choisit cette solution, c'est parce qu'on est capable de donner les meilleures chances à son enfant : on lui permet de s'instruire, de s'épanouir, et on lui donne le bagage nécessaire pour l'aider à se réaliser pleinement une fois adulte...
Il faut cependant garder à l'esprit qu'un enfant est un enfant, et que s'il est naturellement pétri de curiosité, il rechigne souvent à adopter une discipline d'efforts intellectuels. En exposant nos enfants au spectre limité des choses qui leur semblent séduisantes de prime abord, on restreint leurs horizons et leurs possibilités. Et, surtout, on ne leur donne pas le bagage nécessaire pour pouvoir changer de voie en cours de route. L'essentiel est de ne pas hypothéquer leur capacité à réintégrer le système ultérieurement.
Par ailleurs, il n'est pas dit que les enfants approuveront l'éducation choisie par leurs parents une fois qu'ils seront adultes.
Les parents peuvent compromettre - sans en être conscients - et en ayant les meilleures intentions du monde, le droit à l'éducation de leur progéniture.
Ainsi, Yonanan Lowen, un ancien membre de la communauté juive hassidique du Québec, a poursuivi en 2014 différences instances qui, à ses yeux, l'avaient privé de l'éducation séculière à laquelle il avait droit. Yonanan avait été placé par ses parents dans une école juive traditionnelle qui ne suivait pas le programme gouvernemental. Dans sa mise en demeure, il a ainsi relevé que l'État, en fermant les yeux sur ce type d'école, « [a porté] atteinte de manière illicite et intentionnelle au droit à l'éducation prévu par la Charte des droits et libertés de la personne et encadré par la Loi sur l'instruction publique ».
En réponse à la plainte de Yonanan, Me Jonathan Desjardins Mallette, secrétaire général de la Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles, a répondu que « la scolarisation d'un enfant appartient à ses parents. Il leur revient de procéder à l'inscription de leur enfant à une école d'une commission scolaire ou à une école privée. »[2]
Ce à quoi Yonanan a rétorqué qu'il avait été pénalisé par le choix préjudiciable de ses parents, en expliquant notamment qu'il avait été tenu dans l'ignorance de choses indispensables, comme l'apprentissage du français et de l'anglais, qui sont des langues incontournables au Québec, ainsi que de notions géographiques minimales comme l'existence du fleuve Saint-Laurent au Québec... Des notions culturelles de base qui ont réduit à néant ses chances de trouver du travail en dehors de sa communauté d'origine.
L'enfer est parfois pavé des meilleures intentions. En voulant favoriser l'épanouissement de ses enfants, on peut, à long terme, finir par hypothéquer leur avenir.
Certains jeunes gagnent à être « comme tout le monde » en suivant le parcours commun ; d'autres en ont les ailes rognées.
Il n'y a pas de recette gagnante unique : l'important est de ne pas penser à soi en essayant de déterminer le destin de sa progéniture, ni d'oublier que les enfants sont des enfants et que, de ce fait, ils sont appelés à faire des choses qui ne leur plaisent pas mais qui bénéficieront à leur développement ultérieur.
Il faut disposer de bons moyens financiers, avoir des compétences pluridisciplinaires solides, être empreint de sagesse et de stabilité émotionnelle pour se charger de l'éducation de ses enfants sur tous les plans : scolaire, sportif, relationnel, émotif, etc. Ce n'est certainement pas donné à tout le monde !
La Clef des Champs, Ecole Montessori, Freinet, Steiner, Sudbury, l'annuaire des pédagogies alternatives ne cesse de s'enrichir ! Si la majorité d'entre nous avons entendu parler de la pédagogie Montessori et de certaines écoles alternatives, d'autres initiatives nous sont étrangères, même si elles sont paroxystiques !
C'est le cas de l'école créée par le célèbre fondateur de Paypal, de Tesla et de SpaceX : Elon Musk. En 2013, il décide de prendre en charge l'éducation de ses enfants en créant une école très privée, pour sa progéniture et pour une quelques enfants « triés sur le volet », sans préciser toutefois ses critères de crible.
L'école, nichée dans le centre spatial SpaceX, porte elle-même un nom qui en dit long sur ses ambitions : « Ad Astra » vient du latin et signifie « jusqu'aux étoiles » en français.
Les informations relatives à cette école, à son fonctionnement et à sa philosophie restent rares. Lors d'interviews, Elon Musk a cependant laissé filtrer que les notes n'avaient pas lieu d'être dans son école et que l'éducation était dispensée à chaque enfant selon « ses capacités et aptitudes propres ». Il a également précisé que son école était centrée sur des matières ayant trait à l'actualité (exit l'enseignement de l'histoire) et aux problématiques futures auxquelles devront faire face ses jeunes élèves devenus adultes.
Ainsi, au sein d'Ad Astra, les enfants planchent sur la conception de robots, se familiarisent avec les cryptomonnaies, questionnent leur avenir face à l'intelligence artificielle, explorent les problématiques du nucléaire, avec toujours la possibilité d'approfondir une matière ou de l'abandonner.
Si l'école ne comptait au début que 8 élèves, il y en a aujourd'hui une cinquantaine, dont la moitié est constituée d'une sélection d'enfants de personnes travaillant chez SpaceX. Les enfants sont regroupés par projet, tout comme les adultes en entreprise : ils fonctionnent en « mode projet », et débattent de sujets avec des ingénieurs de SpaceX en salle de classe ! Les langues étrangères et le sport ne font, quant à eux, pas partie du programme... Bref l'école est façonnée selon les convictions propres à un homme, réputé génial mais psychologiquement instable... Il faudra attendre quelques années pour voir ce que deviendront ces enfants formés à une école aussi originale.
Vous avez déscolarisé votre enfant ? Vous entreprenez par vous-même son éducation "académique" ou encore l'avez inscrit dans une école alternative ? Partagez vos retours d'expérience !
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Pour en savoir plus :
Enquête : "Pédagogies alternatives : pour y voir plus clair..."
[1] Il est précisé dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 — « Les parents ont par priorité le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants », repris dans la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales de 1952, et réaffirmé dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne de 2002.
[2] Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/694329/ecole-hassidique-yonanan-lowen-loi-instruction-publique
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