Lumière bleue : comment préserver les yeux de vos enfants

Par Yaël Landau, en exclusivité pour PopMoms

La lumière bleue est très décriée. Elle serait nocive pour nos yeux et les écrans d'ordinateur seraient en cause. Qu'en est-il ?

La lumière bleue est présente dans nos objets du quotidien

Télévisionsordinateursconsoles de jeutablettessmartphones ou ampoules nouvelle génération... Ces objets, omniprésents dans notre quotidien, intègrent une technologie d'éclairage générant de la lumière bleue.

La question du moment : quel est l'impact phototoxique des rayons émis par ces dispositifs ? Une question que se sont posés les chercheurs de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), en 2017.

Car, derrière la phototoxicité des ampoules à LED (diodes électroluminescentes), un coupable est désigné : la lumière bleue.

La lumière, naturelle ou artificielle, combine en fait des rayons de différentes couleurs, chaque couleur correspondant à une longueur d'onde spécifique.

La lumière du soleil (dite blanche) est un mélange de rouge, d'orange, de jaune, de vert, de bleu, d'indigo et de violet, les sept couleurs de l'arc-en-ciel qui composent le spectre de la lumière visible. La lumière artificielle également.

Chaque source de lumière combine ces différentes couleurs dans des proportions variables. Par exemple, les ampoules à LED, plus économes que les des ampoules à incandescence aujourd'hui interdites, créent de la lumière blanche en combinant des lumières bleue et jaune.

La potentielle toxicité de chacune des couleurs du spectre sur la rétine dépend à la fois de l'intensité de la lumière et des longueurs d'onde qui la composent. Mais c'est la lumière bleue, et plus particulièrement une partie de cette lumière bleue - les longueurs d'onde bleu-violet, qui aurait le plus d'effets néfastes. Car elle a une particularité : il s'agit de la couleur qui se diffuse le plus et qui éblouit.

« Grâce à nos observations, nous avons montré que la lumière émise par les LED engendre deux phénomènes toxiques parallèles : l'apoptose (mort cellulaire programmée ; processus d'autodestruction des cellules déclenché par un signal), mais également une seconde forme de mort cellulaire, la nécrose (mort incontrôlée d'une cellule, entraînant la mort des cellules voisines).

Or en se nécrosant, une cellule endommage ses voisines. Ceci explique pourquoi la toxicité de la lumière bleue est plus élevée que celle des autres longueurs d'onde », explique Alicia Torriglia, chercheuse à l'Inserm.

La lumière bleue : une lumière dont a besoin notre organisme

S'ils semblent alarmants, les résultats des travaux de l'Inserm sont à repositionner dans leur contexte : celui d'une étude sur des rats de laboratoire.

Comme le rappelle le site lesnumeriques.com, « l'enquête de l'Inserm, aussi dense, complexe et sérieuse soit-elle, apporte une conclusion qui vraisemblablement a été occultée par de nombreux médias : « elle n'est pas transposable telle quelle chez l'Homme ».

Et pour cause, il s'agit d'une étude exploratoire réalisée dans des conditions extrêmes. Les sujets ont été exposés à une très forte dose de lumière bleue, dont la Royal Blue qui a causé le plus de dommages. Or, les constructeurs [d'ampoules] en sont conscients et se refusent toute utilisation de ladite LED pour le grand public. »

Par ailleurs, n'est-il pas connu que la lumière du soleil est essentielle à notre développement et à notre bonne santé morale ? La luminothérapie est d'ailleurs recommandée dans certains cas de dépression...

L'Inserm précise même que la lumière bleue « est un puissant synchronisateur de notre horloge biologique, elle participe à la sécrétion de vitamine D — essentielle à notre organisme — et aide à renforcer notre système immunitaire. »

Quels sont les différents risques liés à la lumière bleue ?

Alors pourquoi tant de bruit sur les effets de la lumière bleue ?

Les médias ne cessent de nous mettre en garde. Des fabricants de lunettes, de plus en plus nombreux, développent des gammes spécifiques de lunettes visant à filtrer cette lumière bleue. Certains nouveaux fabricants ciblent même spécifiquement les enfants.

Si c'est surtout la surexposition qui pose problème, trois risques sont identifiés.

1/ Le sommeil perturbé

S'il existe encore peu de données permettant de statuer sur les dangers potentiels de la lumière bleue, plusieurs études montrent néanmoins que l'usage en soirée des écrans perturbe le rythme veille/sommeil et retarde l'endormissement.

La lumière bleue stimulerait les hormones de l'éveil, alors qu'une raréfaction de la lumière favoriserait l'activation des hormones du sommeil.

Par ailleurs, au-delà du problème lié à la lumière bleue, l'exposition aux écrans induit une sécheresse oculaire car nous fixons notre regard sans suffisamment cligner des yeux. Il est donc recommandé de faire des pauses pour hydrater nos yeux.

2/ Une atteinte possible du cristallin et de la rétine

L'étude de l'Inserm a démontré qu'une exposition prolongée à la lumière bleue a été néfaste aux rats utilisés en laboratoire.

Les scientifiques engagés dans cette étude s'interrogent donc sur les éventuels effets sur l'homme de la lumière bleue.

« Nos cellules possèdent des mécanismes de réparation qui permettent sans doute de corriger en partie les lésions induites par les LEDMais nous avons un capital lumière, comme notre peau possède un capital soleil. On peut se demander si nos ampoules domestiques ne favorisent pas son épuisement précoce, et ainsi l'évolution vers la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) », relève Alicia Torriglia.

Un questionnement que l'on peut élargir à nos écrans d'ordinateurs, de tablettes et de smartphone. D'autant que le temps d'exposition à ces écrans n'est pas négligeable.

3/ Une exposition favorisant la myopie

L'épuisement de notre capital lumière peut également conduire à la myopie. C'est ce que nous indique Langis Michaud, professeur à l'Université de Montréal, expert en santé oculaire et usage des lentilles cornéennes spécialisées, à l'occasion d'un article publié sur le site The Conversation France, en nous alertant sur la progression des cas de myopie chez les enfants nord-américains.

Car, même si la génétique joue un rôle important dans l'apparition de la myopie, l'environnement dans lequel l'enfant évolue serait également déterminant.

Depuis l'arrivée des smartphones, les problèmes visuels progressent rapidement. Une lecture trop près de l'écran en serait l'une des causes.

Cette distance réduite serait associée à un risque 8 fois supérieur de développer une myopie, en particulier si les deux parents sont myopes.

« Contrairement aux livres papiers, les écrans des tablettes et ordinateurs sont associés optiquement à des aberrations dites chromatiques. Les longueurs d'onde les plus courtes (lumière bleue) sont perçues en avant des autres, par l'œil, ce qui génère un stimulus myopisant », précise Langis Michaud.

Cité dans un article publié sur le site francetvinfo.fr, le professeur Gilles Renard, directeur scientifique de la Société française d'ophtalmologie, explique que « le smartphone est l'écran le plus nocif puisqu'on le regarde à 15 ou 20 centimètres, ce qui accentue la pénétration des rayons bleu-violet. Et les PC ou les tablettes ne sont guère mieux car ils concentrent trop de bleu-violet émis dans la zone à risque. »

Les enfants particulièrement concernés par les dangers de la lumière bleue

La vigilance doit être renforcée pour les enfants car leur cristallin n'est pas encore totalement formé et est donc plus sensible à l'éblouissement. « Avant 14 ans notre système optique n'est pas encore mature, et la lumière bleue-violette, voire les UV, peuvent pénétrer dans notre œil et induire encore plus de lésions », rappelait Serge Picaud, directeur de recherche à l'Institut de la vision, sur France Culture.

D'où l'importance de porter des lunettes de soleil en extérieur, à la plage ou à la montagne, par exemple.

« Il y a plein de parents qui s'inquiètent de la lumière des écrans pour leurs enfants, mais qui ne leur mettent pas toujours des lunettes de soleil quand ils vont à la plage. Or, la lumière d'un écran n'est rien comparée à celle du soleil », souligne le chercheur, dans l'article publié sur le site francetvinfo.fr.

Comment réduire son exposition à la lumière bleue ?

Différentes solutions sont possibles :

1/ Les lunettes anti-lumière bleue

Les lunettes ou verres de lunettes anti-lumière bleue laissent passer la lumière bleu-turquoise et filtrent la lumière bleu-violet (avec plus ou moins d'efficacité selon les technologies employées).

Des fabricants se sont même positionnés sur les lunettes anti-lumière bleue pour enfants

Mais, selon le Pr Gilles Renard, directeur scientifique de la Société française d'ophtalmologie, cité par le Santé Magazine, les lunettes anti-lumière bleue « ne filtrent pas toutes les longueurs d'ondes problématiques, et elles ne parviennent à arrêter que 20% environ de celles qu'elles atténuent : c'est très insuffisant pour pouvoir affirmer protéger l'œil. »

2/ Les filtres pour écran

Il existe désormais des logiciels et applications qui permettent filtrer la lumière bleue émise par les écrans et de modifier la température des couleurs en fonction de l'heure de la journée (pour éviter de perturber le rythme circadien). Des smartphones, tablettes et ordinateurs disposent également de filtres intégrés qu'il suffit d'activer.

Ces filtres présentent l'inconvénient de tirer les couleurs de l'écran vers jaune orangé mais les prochaines générations d'écrans pourraient contourner ce problème.

3/ Limiter le temps d'écran et porter des lunettes de soleil !

La meilleure façon de limiter son exposition à la lumière bleue n'est-elle pas de limiter son temps d'écran et de porter des lunettes de soleil lorsque l'on se trouve en extérieur ?

Et vous, qu'en pensez-vous ? Prenez-vous ou non des précautions pour limiter l'impact de la lumière bleue sur les yeux de vos enfants ? Partagez vos retours d'expérience avec nous !

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Source  : Les LED, pas si inoffensives que ça..., communiqué de l'Inserm, 1er janvier 2017.

Un article exclusif signé Yaël Landau pour PopMoms, tous droits réservés©

Yaël Landau est maman de 4 enfants. Journaliste et blogueuse, elle a aussi créé 8h45.com, un nouveau média destiné aux parents !

Crédit photo : un immense merci à Daniel Korpai @ Unsplash    

 

 

       

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