Bien allaiter : découvrez les conseils d'une infirmière puéricultrice

Par Sylvie CACCIATORE

Bien que l'allaitement soit une fonction biologique et naturelle, la femme allaite avec ses seins mais aussi avec sa tête ! 

Ainsi, le climat environnemental va l'aider et la soutenir ou, au contraire, mettre à mal son projet d'allaitement, voire le faire échouer.

Si vous tapez « allaitement maternel » sur votre moteur de recherche, vous verrez près de 5 millions de résultats ! Cette multitude d'informations peut être contre-productive, avec des avis généralistes, et souvent contradictoires.

De même, si vous engagez autour de vous la conservation sur l'allaitement, vous constaterez que chacun y va de ses conseils et de ses croyances, sans toujours prendre en compte vos demandes.

Enfin, les « coach » en allaitement se multiplient, avec parfois des personnes qui endossent ce rôle sans y avoir réellement été formés.

« Consulter » c'est « demander un avis, un conseil à une personne compétente » (CNTRL).

Cette activité requiert des compétences cliniques (ce que l'on voit et entend pendant la consultation afin d'apprécier la situation et d'établir un diagnostic), des compétences relationnelles et communicationnelles (disponibilité permettant de mettre la mère en confiance, d'encourager son projet et de valoriser sa démarche) et, enfin, des connaissances actualisées faisant référence aux dernières recommandations et découvertes scientifiques.

Il existe de nombreux témoignages relatant les nombreux bénéfices que peuvent apporter une consultation individuelle d'allaitement, n'hésitez pas à les consulter.

En tant maman de la communauté PopMoms, infirmière puéricultrice depuis 30 ans et consultante en lactation IBCLC depuis 13 ans, j'ai envie de partager avec vous deux cas concrets de problèmes liés à l'allaitement maternel et qui sont souvent motif de consultation.

-La prise de poids inadéquate de l'enfant
-et les douleurs pendant l'allaitement

Ces deux situations sont celles qui font souvent douter la mère. Dans le premier cas, elle risque de remettre en cause son aptitude à correctement nourrir son enfant ; dans l'autre, elle peut être amenée à arrêter précocement l'allaitement, mettant en échec, et avec regrets, son projet maternel.

1/ La prise de poids inadéquate de l'enfant

Lorsqu'un enfant ne prend pas le poids attendu, il est important, en consultation, de dresser l'anamnèse de la situation.

Il s'agit de recueillir un maximum de données sur ce binôme singulier mère-nourrisson et d'en rechercher les causes avec la première concernée, la mère.

Après avoir recueilli les données transmises par la mère, la consultante en lactation va poser des questions plus précises qui permettront à la mère de transmettre des informations supplémentaires qui, à premier abord pourraient paraitre déconnectées de sa problématique, mais qui sont en réalité essentielles. 

Viendra ensuite le temps de l'observation : D'un point de vue clinique, l'observation de la tétée est incontournable. Une mère n'a pas toujours connaissance des critères d'efficacité d'une tétée. Là aussi, lui transmettre ces critères va permettre une meilleure analyse de la situation.

Je tiens à souligner que comparer le déroulement d'une tétée avec la prise d'un biberon est une hérésie !

Le sein n'est ni transparent, ni gradué et l'enfant ne se comporte pas de la même façon.

La transmission des critères d'efficacité aux parents est incontournable.

Il est d'ailleurs regrettable que certaines mères n'en n'aient pas été informées lors de leur séjour en suites de couches.

Contrairement à ce que beaucoup de personnes croient, le temps passé au sein est le critère le moins pertinent pour évaluer la qualité d'une tétée. Si l'enfant passe la majeure partie de son temps à dormir ou à sucer le mamelon, la quantité de lait absorbé sera négligeable.

Il est donc primordial durant l'observation de la tétée de pointer avec la mère les critères pertinents :

  • Position adéquate de l'enfant avec prise du mamelon et de la majeure partie de l'aréole,
  • Bruits de déglutition,
  • Assouplissement du sein pendant la tétée,
  • Écoulement de lait au sein opposé,
  • Présence de 3-4 selles et 5-6 d'urines/24h, indice imparable sur la quantité nécessaire et suffisante de lait absorbé par l'enfant.

Il existe de courtes vidéos en ligne pour vous aider à mieux appréhender la position de l'enfant au sein :

Il est important aussi de quantifier le nombre de tétées efficaces sur 24 heures. Souvent il est dit aux mères qu'un nouveau-né doit manger toutes les 3 heures.

Sauf quelques situations particulières, aucun enfant ne se réveille spontanément à ce rythme.

Par contre, il est important de transmettre aux parents qu'au cours des 3 premiers mois, l'enfant a besoin de 8 à12 tétées par 24 heures, reparties selon ses besoins. C'est ce qu'on appelle communément l'allaitement à la demande. Voici un lien riche en conseils pour mieux repérer les signes d'éveil.

Les signes d'éveil varient en fonction de l'état du bébé : sommeil léger, phase d'éveil calme, phase d'éveil agité.  Pour en savoir plus sur les signes d'éveil, découvrez l'article « Allaitement à la demande, allaitement aux signes d'éveil » de Naitre et Grandir.

2/ Les douleurs pendant l'allaitement

Lorsqu'une mère ressent des douleurs au cours de la tétée, il est là aussi, nécessaire de procéder à un recueil de données conséquent.

Allaiter ne fait pas mal, allaiter ne doit pas faire mal.

Outre une sensibilité « supportable », la douleur est ressentie lorsque l'enfant n'est pas positionné correctement au sein.

Là aussi, il semble évident que sans observer la tétée et évaluer le comportement de l'enfant au sein, il serait hâtif de conclure sur l'origine de la douleur.

De nombreuses mères s'entendent dire qu'elles ont des crevasses (le mot est lâché !) sans même qu'un examen des mamelons n'ait été pratiqué !

Il va de soi que les crevasses (fentes) au niveau du mamelon sont douloureuses, mais ce n'est fort heureusement pas un passage obligé, c'est pourquoi il est intéressant de consulter pour optimiser la prise au sein pour éviter qu'elles n'apparaissent.

Il est important de privilégier une position de l'enfant qui lui permettra d'avoir un maximum de l'aréole dans la bouche. Il est tout aussi important de vérifier que la mère a bien acquis ce savoir pour lui permettre de reproduire la bonne posture quand elle sera seule avec son bébé. Un simple ajustement positionnel peut lui permettre d'allaiter son enfant sans appréhension et en parfaite autonomie.

D'autres éléments peuvent être à l'origine des douleurs lors de l'allaitement et une experte en lactation peut alors, si nécessaire, vous réorienter vers un autre type d'experts (un.e ostéopathe, ORL, pédiatre) dont l'aide peut s'avérer nécessaire.

Un projet d'allaitement réussi est un grand facteur d'épanouissement et de bien-être physiologique et psychologique à la fois pour la mère et pour l'enfant, d'où l'intérêt de se donner toutes les chances de favoriser le bien être de bébé et de vivre l'expérience sereinement !

Derrière le sein, il y a un enfant, et derrière l'enfant, il y a des parents qui se questionnent, qui hésitent, qui demandent, qui n'osent pas, mais qui veulent ce qu'il y a de meilleur pour leur enfant. N'hésitez donc pas à demander de l'aide, et me poser des questions en fin d'article !

Sylvie CACCIATORE

Infirmière Puéricultrice, Consultante en Lactation IBCLC, DU Attachement : concepts et applications

06.76.47.41.10 / consultations au domicile des familles

Crédit photo seventyfour74 @123RF

       

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