Ils sont vifs, éveillés et intelligents.
Pourtant, ces enfants butent sur des notions scolaires qu'ils devraient être en mesure d'apprendre.
Leurs parents souvent s'inquiètent pensant, pour certains d'entre eux, qu'ils pourraient faire plus d'efforts pour y arriver ou imaginant, pour d'autres, que leur progéniture présente des retards cognitifs.
Les enseignants les plus au fait alertent, et conseillent à ces mêmes parents de consulter un spécialiste, les autres passent à côté du problème laissant leurs élèves se noyer dans des situations que les enfants ne maîtrisent pas
Parce qu'il n'est pas aisé de poser un diagnostic, les enfants « dys » peuvent être incompris avant d'être pris en charge.
Les troubles « dys » sont des troubles spécifiques d'apprentissage diagnostiqués lorsqu'aucune déficience intellectuelle, ni qu'aucun trouble sensoriel (auditif, visuel, etc.), n'est détecté par ailleurs.
« Par spécifique, on entend surtout évoquer une caractéristique majeure de ces troubles : ils altèrent la capacité de ces enfants à entrer dans les apprentissages fondamentaux (lecture, écriture, calcul), alors même que leur intelligence est strictement normale, voire supérieure à la normale », souligne Michel Habib, neurologue au CHU de Marseille, dans un article du Magazine Sciences Humaines.
Les troubles spécifiques du développement du langage oral ou dysphasies - au pluriel, car les difficultés peuvent se manifester à différents niveaux - concernent des soucis relatifs à la compréhension du langage, des problèmes de production des sons, ainsi que des difficultés à trouver ses mots et à construire des phrases correctes sur le plan syntaxique.
L'absence de babillage lorsque l'enfant est bébé, un langage très pauvre avant 3 ans, l'absence de langage intelligible après 3 ans par des personnes autres que l'entourage, ou encore la non émission de phrases constituées, peuvent être des signes à surveiller.
Les troubles spécifiques du développement liés à l'incapacité de l'enfant à planifier, coordonner et automatiser certains gestes, communément appelés dyspraxies (car, oui, il existe différentes dyspraxies selon les types de difficultés rencontrées) peuvent se manifester, dès le plus jeune âge, par un désintérêt ou refus des jeux de construction, un manque d'intérêt pour les puzzles, un manque d'activités comme le dessin, des maladresses, un manque d'aisance en motricité globale avec une faible autonomie dans les gestes du quotidien (l'enfant n'arrive pas à s'habiller seul ou à faire ses lacets, par exemple).
Ils peuvent également se référer à des troubles de la parole dans le cas d'une dyspraxie orale (difficulté à synchroniser les mouvements de tout ce qui est nécessaire à la formation de la parole : la langue, les lèvres, le palais, les mâchoires et les cordes vocales).
De nombreux types de dyspraxie existent en fait. Isa Lise, blogueuse, enseignante, spécialiste de l'instruction en famille et des troubles « dys », autrice et éditrice de ressources pédagogique, en dénombre huit qu'elle détaille dans un document disponible sur son site (le lien est mentionné dans la rubrique Sources en fin d'article).
Les troubles spécifiques de l'acquisition du langage écrit regroupent :
Les troubles spécifiques des activités numériques, également appelés dyscalculie concerne la perception des nombres : dès le plus jeune âge, des difficultés à acquérir les chaînes numériques, à dénombrer peuvent être repérées. A l'âge de 6 mois, un enfant est capable d'évaluer des petites quantités mais pas l'enfant dyscalculique. A 8 ou 9 ans, le calcul mental peut être particulièrement difficile.
A noter : les troubles de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) font également partie des troubles des apprentissages : l'enfant peut présenter, dans ce cas, des difficultés d'attention ainsi qu'une hyperactivité motrice et d'impulsivité ou bien juste des troubles d'attention car l'hyperactivité motrice n'est pas systématique.
Les troubles mentionnés plus haut sont dus à des dysfonctionnements localisés dans une zone précise du cerveau qui perturbe l'apprentissage dans un domaine particulier. Il ne s'agit pas de troubles d'ordre psychologique.
Les causes sont neurologiques et les aires cérébrales diffèrent selon les troubles.
A titre d'exemple, dans le cas de la dyslexie, l'hémisphère gauche semble être le lieu où tout se joue.
« L'imagerie cérébrale fonctionnelle a établi les bases de ce que l'on peut aujourd'hui appeler une « neuroanatomie de la dyslexie », montrant notamment que :
Le cerveau a beau être plastique, ces dysfonctionnements sont persistants, durables.
Comme le mentionne le site de l'association Dys-Positif, « la dyslexie n'est en aucun cas une maladie, mais bien un trouble. Par conséquent, elle n'a pas de remède, mais des méthodes pour la corriger, voire atténuer ses effets. »
Plusieurs spécialistes peuvent être consultés pour rééduquer les troubles des enfants « dys ».
Un(e) psychomotricien(e) peut être sollicité(e) en cas de dyspraxie. « Le travail sur la psychomotricité envisage les troubles de la motricité dans leur rapport avec le mental. Il aide l'enfant à prendre conscience de son propre corps (représentation du schéma corporel), et à se repérer dans l'espace, peut-on lire sur le site Ameli, le site web de l'Assurance maladie. Les exercices de psychomotricité se concentrent sur l'articulation entre le corps et les commandes cérébrales, le schéma corporel, la latéralisation, les repères dans l'espace, la motricité globale (mouvements amples, comme ceux mobilisés dans la marche) et fine (gestes minutieux). »
Pour améliorer la coordination œil-main et la précision des mouvements, c'est un ergothérapeute qu'il faut consulter. Ce praticien rééduque le geste grâce à l'activité physique et manuelle. Il a, pour objectif, de trouver des solutions pour permettre à ses jeunes patients de trouver une certaine autonomie à la maison, comme à l'école. Son rôle est de voir comment aider l'enfant à s'adapter au quotidien, en prenant notamment compte de son environnement.
En cas de troubles de la vision et du regard, il faut solliciter l'orthoptiste, le « kiné des yeux ».
L'orthophoniste est, pour sa part, un praticien clé pour le suivi des enfants dyslexiques. L'orthophonie s'attache à rééduquer la voix, la parole et les troubles du langage (écrit ou oral). Les troubles logico-mathématiques sont également pris en charge.
Cette année, la Fédération Nationale des Orthophonistes (FNO) a choisi de mettre en lumière les pathologies du langage écrit, en particulier leur prévention et leur dépistage. Elle a notamment organisé, partout en France, une série d'événements du 21 au 27 janvier 2019, afin de sensibiliser les patients, les familles et les professionnels de santé à la dyslexie.
Parmi ses messages : l'importance d'un dépistage précoce des signes d'alerte de la dyslexie afin d'offrir une meilleure prise en charge. « Le DPL 3 (Dépistage, Prévention et Langage à 3 ans) est un outil de dépistage précoce, connu et utilisé de longue date par les orthophonistes. Il permet le repérage dès 3 ans, des profils langagiers à risque. Un dépistage systématique à l'école sera expérimenté en 2019, grâce à un partenariat majeur entre les orthophonistes, l'Assurance maladie et l'Education nationale. Cette expérimentation a vocation à être déployée au niveau national », peut-on lire dans un article de L'orthophoniste, le magazine du la FNO.
Pour autant, « certains enfants sont dyslexiques et parlent très bien à 3 ans, note Isa Lise. D'autres enfants s'expriment mal et ne sont pas dyslexiques, ils ont besoin de temps et parfois d'une aide épisodique. A trois ans, il est trop tôt pour parler d'une dyslexie. L'important est de s'adapter à l'enfant et surtout de ne pas l'inquiéter prématurément car un enfant qui se sent incompétent peine ensuite à entrer dans les apprentissages. »
L'enfant portant un trouble « dys » gagnera en autonomie séance après séance et fera, à son rythme, des progrès. Pour autant, il n'y parviendra qu'au prix d'importants efforts et qu'avec l'appui de ses parents.
Certains enfants « dys » peuvent également avoir besoin d'un soutien psychologique pour faire face à leurs difficultés. Anxiété, sentiment d'échec, désarroi manque de confiance en eux ou d'estime d'eux-mêmes, voir troubles dépressifs peuvent les caractériser. Il s'agira alors, notamment, de les remettre en confiance face à leurs capacités, à les déculpabiliser, à leur permettre de mieux affronter la réalité en gérant mieux leur situation personnelle et en acceptant leur « différence. »
Des enfants « dys » développent, pour leur part, des capacités à compenser leurs défauts d'apprentissage. Ainsi des dyslexiques peuvent devenirs de très bons orateurs et compenser une note de Français médiocre à l'écrit par une belle prestation à l'oral.
Des aménagements à la maison comme à l'école, ainsi que des dispositifs adaptés peuvent rendre la vie de ces enfants plus facile. Vêtements faciles à enfiler, chaussures sans lacet, set de table anti-dérapant, autorisation de manger avec les doigts sont quelques exemples d'aménagements que les familles peuvent mettre en place pour un enfant dyspraxique. Un ergothérapeute peut conseiller les parents et suivre les enfants qui en ont besoin. En fonction des besoins, ils peuvent notamment être amenés à encourager l'utilisation d'un ordinateur.
Des ordinateurs, autorisés dans les écoles qui ont mis en place un dispositif de type PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation), PAP (Plan d'Accompagnement Personnalisé), PAI (Projet d'Aide Individualisé) ou PPRE (Programme Personnalisé de Réussite Éducative), peuvent aussi aider les enfants dyslexiques ou dysorthographiques à se focaliser sur ce qu'ils ont à apprendre et non sur les aspects copie et déchiffrage des consignes ou du cours qui peuvent s'avérer très compliqués pour eux, leur demandant notamment une concentration extrême.
Votre jeune enfant, en maternelle, ne participe pas aux travaux manuels, ne dessine pas, ne découpe pas ? Bébé, il gérait mal les distances qui le séparaient des objets ou personnes qu'il souhaitait atteindre ?
Votre enfant en CP montre de grandes difficultés à lire ou à énumérer une suite de chiffres ? Il prend de plus en plus de retard dans les apprentissages malgré le temps que vous lui consacrez pour l'aider à faire ses devoirs ?
N'hésitez pas à consulter un neuro-pédiatre. Certains médecins ou psychologues peuvent, en effet, ne rien percevoir d'anormal.
Oui. L'association de plusieurs de troubles « dys » (deux ou plus) « est fréquente chez un même enfant : cela suggère l'existence possible d'un mécanisme commun qui serait à l'origine de ces dysfonctionnements, vraisemblablement au cours du développement. Cette piste est actuellement explorée par les chercheurs », notait l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) dans un article publié en 2014.
Selon la HAS (Haute autorité de santé), les troubles « dys » sont fréquents. En France, ils concerneraient 8% des enfants d'âge scolaire.
Vous êtes découragez ? Voici de quoi vous remonter le moral ! On trouve des dyslexiques célèbres pour leurs accomplissements dans tous les domaines : science, art, politique, cinéma, etc. Pas convaincu(e) ? Allez, on vous en cite quelques-uns ! Winston Churchill, Steven Spielberg, Albert Einstein, Johnny Halliday, Tom Cruise, Agatha Christie, Léonard de Vinci...
Pour en savoir plus et mieux comprendre les défis des enfants Dys dans les écoles, découvrez le témoignage d'enseignants dans notre article Les enfants Dys face aux enseignants.
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Un article exclusif signé Yaël Landau pour PopMoms, tous droits réservés©
Yaël Landau est maman de 4 enfants. Journaliste et blogueuse, elle a aussi créé 8h45.com, un nouveau média destiné aux parents !
Crédit photo : un immense merci à Joel Overbeck @ Unsplash
Pour en savoir plus sur les différents troubles « dys », quelques documents utiles rédigés par Isa Lise et disponibles gratuitement sur son site :
Pour en savoir plus sur les dispositifs qui peuvent être mis en place dans les établissements scolaires :