Il y a quelques jours j'étais au parc avec nos jumeaux de 5 ans et au moment de partir, une petite fille de 3 ans environ s'est mise à hurler et à s'accrocher au toboggan dont son père essayait vainement de l'arracher.
Cette petite était visiblement dans une véritable détresse émotionnelle, et plus les secondes passaient, plus la communication avec son père se coupait, et plus celui-ci semblait gêné par les regards accusateurs ou imprégnés de jugement des autres parents.
C'est alors que j'ai entendu une personne à côté de moi dire tout haut que c'était « inadmissible de laisser une enfant faire un tel caprice et que ses cris dérangeaient les autres enfants » !
Eh bien non Madame ! Le comportement de cette petite fille n'était en rien un caprice et ce tout simplement parce qu'avant 4 ans minimum, les enfants n'en ont pas les capacités cognitives ! Avant cet âge-là, le cerveau archaïque et émotionnel domine. L'enfant est donc totalement submergé par un flot d'émotions qu'il n'arrive absolument pas à contrôler, sans même parler de les comprendre et inversement !
L'enfant est en pleine construction et tout ce qu'il se passe sur ces années de début de vie est absolument nécessaire à son bon développement.
Ressentir de la colère, de la tristesse, de la frustration est aussi important que de ressentir de la joie, du plaisir ou de l'amour.
C'est pourquoi il n'est pas du tout bénéfique de nier/cacher ses émotions d'adulte face à son enfant.
Comment pourrait-il ensuite comprendre qu'il a le droit de pleurer quand il est triste autant qu'il peut éclater de rire quand il est gai ?
Le problème majeur de la gestion de ces moments est notamment lié au fait que, lorsqu'ils se produisent, ils viennent percuter notre vécu, les injonctions sociétales, le regard-jugement des autres. Et tout est décuplé si nous sommes en famille ou dans un lieu public.
Tout cela a également pour conséquence que ce petit être, qui s'exprime comme il peut avec ce qu'il a, peut se retrouver confronté à des réactions différentes, pour un même motif, selon le moment ou le lieu du délit.
Ces différences rendront la situation encore plus difficile à gérer pour lui puisque cela ajoutera de la confusion à son état émotionnel déjà plus que dégradé.
Faut-il pour autant renoncer à lui imposer des limites ? Pas du tout ! Un enfant a besoin d'être cadré, et l'autorité parentale est précieuse… Mesurée et cohérente, elle sécurise l'enfant.
Encore une fois, et je ne le répéterai jamais assez, une crise chez un enfant en bas âge n'est en rien un caprice !
Avant tout, il faut intégrer en amont que la crise est le symptôme et non le problème.
Tout comme pour les problématiques de troubles du sommeil pour lesquelles chercher une solution avant de comprendre comment fonctionne l'enfant n'a pas de sens.
Elle a été provoquée par une situation, un événement déclencheur, un état physique ou psychique, bref elle a une cause et il va nous falloir la chercher (même si je reconnais sans aucune difficulté qu'elle est parfois assez hallucinante de notre point de vue « de grands » !
Si, si, ne pas retrouver le pirate avec le bandeau rouge est suuuu-peeeeer graaave, vous ne vous rendez pas compte ! Bah oui, en même temps c'est lui qui avait la carte du trésor, toute l'histoire tombe à l'eau d'un coup, et là, c'est le drame !) !
Donc quand ça arrive, essayons d'appliquer un protocole très simple en 3 étapes :
Et surtout, ne pas analyser ce qu'il se passe pour notre enfant avec notre cerveau d'adulte !
Oui, vous pouvez littéralement ruiner sa journée et déclencher les enfers en vous trompant de couleur de verre… Eh oui, c'est très important pour lui parce que ce verre n'est pas seulement un contenant ! Il fait partie de sa sécurisation, de sa routine, de ses habitudes…
Et vous, ne vous est-il jamais arrivé de vous énerver parce que votre collègue a pris votre tasse préférée ? Objectivement, boire votre café dans une autre tasse en changera-t-il le goût et l'effet placebo ? C'est peu probable, et pourtant...
Que penseriez-vous si vous veniez me raconter un gros chagrin selon votre carte du monde et que je vous répondais « mais qu'est-ce que t'as encore à chialer ?! Tu me saoules ! » parce que je suis moi-même fatiguée, (plus) triste (selon ma carte à moi), contrariée ou tout simplement occupée à une tâche bien plus importante.
Il n'est pas question de nier ses propres émotions - c'est même ce contre quoi je me bats en travaillant sur les émotions des parents - mais juste de prendre un peu de distance pour accueillir et comprendre notre enfant au moment où son cerveau et son corps tout entier ressemblent à un volcan en éruption !
Faire un exercice de respiration ou de sophrologie, compter jusqu'à 5, boire un verre d'eau ou vous aérer quelques secondes suffiront à vous donner cette hauteur nécessaire pour ne pas envenimer la situation, et ce bien malgré vous.
C'est probablement la partie la plus difficile pour plusieurs raisons !
En premier lieu parce qu'il n'est pas toujours facile de reconnaître l'émotion (même quand il s'agit de la nôtre !).
D'autre part, parce que ce que nous identifions comme étant de la colère peut aussi être l'expression de frustration, de tristesse, de culpabilité, de peur, de découragement, de déception... des émotions difficiles à cerner sur le champ.
Ce sont ces émotions désagréables (et non négatives) qu'il va falloir comprendre et accompagner pour en arriver au retour du ressenti d'émotions agréables (et non positives puisque les émotions ne sont ni positives ni négatives).
- permettre à l'enfant de reconnaître son/ses émotion(s) désagréable(s),
- l'aider à verbaliser ce qu'il ressent
- lui permettre de remplacer le ressenti désagréable par une émotion agréable, notamment grâce à des petits exercices simples inspirés de la sophrologie ou encore de l'hypnose
Pour finir, si ces "crises" sont répétitives, il faudra alors travailler sur la source du problème en se posant les bonnes questions.
Bref, les solutions sont nombreuses pour gérer au mieux ces moments de nos vies de parents et des vies de nos enfants. Pour ce faire, il est surtout capital de s'intéresser à l'histoire de l'enfant, de ses parents, de sa famille/fratrie, à sa vie et à son environnement.
Il est aussi important d'être attentif à nos propres émotions, souvent exacerbées par la charge mentale.
Nos émotions ne sont que le reflet de ce que nous sommes sur l'instant, elles sont fugaces et nécessaires. C'est pourquoi Il est vraiment important de ne pas résumer nos enfants à ce qu'ils expriment. Un enfant n'est pas colérique, il se met en colère. Tout comme il n'est pas méchant, c'est ce qu'il fait qui peut éventuellement l'être.
Et pour finir, je citerai une phrase que je garde en tête en permanence : « tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime. »
C'est donc notre rôle de parents et un merveilleux cadeau que nous faisons à nos enfants que d'être présents à leurs côtés pour leur permettre de se construire dans la compréhension de ce qu'ils sont, émotions comprises.
Peut-être qu'avec toute cette prise de conscience collective, les adultes de demain seront encore plus heureux et à l'aise dans leurs relations humaines et sociales ?
Un article exclusif signé Béatrice Liard pour PopMoms, tous droits réservés©
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