Marre des 'caprices' de vos enfants ? Cet article est pour vous !

Par Béatrice Liard

Les "caprices dérangeants"

 

Il y a quelques jours j'étais au parc avec nos jumeaux de 5 ans et au moment de partir, une petite fille de 3 ans environ s'est mise à hurler et à s'accrocher au toboggan dont son père essayait vainement de l'arracher.

 

Cette petite était visiblement dans une véritable détresse émotionnelle, et plus les secondes passaient, plus la communication avec son père se coupait, et plus celui-ci semblait gêné par les regards accusateurs ou imprégnés de jugement des autres parents.

 

C'est alors que j'ai entendu une personne à côté de moi dire tout haut que c'était « inadmissible de laisser une enfant faire un tel caprice et que ses cris dérangeaient les autres enfants » !

 

Eh bien non Madame ! Le comportement de cette petite fille n'était en rien un caprice et ce tout simplement parce qu'avant 4 ans minimum, les enfants n'en ont pas les capacités cognitives ! Avant cet âge-là, le cerveau archaïque et émotionnel domine. L'enfant est donc totalement submergé par un flot d'émotions qu'il n'arrive absolument pas à contrôler, sans même parler de les comprendre et inversement !


L'enfant est en pleine construction et tout ce qu'il se passe sur ces années de début de vie est absolument nécessaire à son bon développement.

Ressentir de la colère, de la tristesse, de la frustration est aussi important que de ressentir de la joie, du plaisir ou de l'amour.

C'est pourquoi il n'est pas du tout bénéfique de nier/cacher ses émotions d'adulte face à son enfant.

Comment pourrait-il ensuite comprendre qu'il a le droit de pleurer quand il est triste autant qu'il peut éclater de rire quand il est gai ?

 

Le problème majeur de la gestion de ces moments est notamment lié au fait que, lorsqu'ils se produisent, ils viennent percuter notre vécu, les injonctions sociétales, le regard-jugement des autres. Et tout est décuplé si nous sommes en famille ou dans un lieu public.

  • Quel parent n'a pas ressenti de la honte parce que son enfant a « fait une crise » dans un magasin ?
  • Quel enfant devenu parent à son tour n'a pas l'impression d'être jugé par le grand-père ou la grand-mère tel qu'il l'était dans ses jeunes années ?
  • Quel adulte est capable d'oublier ses propres émotions pour gérer celles de son enfant, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ?

Tout cela a également pour conséquence que ce petit être, qui s'exprime comme il peut avec ce qu'il a, peut se retrouver confronté à des réactions différentes, pour un même motif, selon le moment ou le lieu du délit.

  • Pourquoi est-ce que renverser un verre à la maison pendant un déjeuner tranquille n'a pas d'autre impact que de lui demander calmement de vous aider à essuyer l'eau sur la table alors que le même geste au restaurant va provoquer une colère de son parent ?
  • Ou bien encore, pourquoi n'est-ce pas un problème qu'il mette 10 minutes pour enfiler ses chaussures avant d'aller au parc alors que ce même temps a mis sa figure d'attachement en colère avant de partir à l'école ?

Ces différences rendront la situation encore plus difficile à gérer pour lui puisque cela ajoutera de la confusion à son état émotionnel déjà plus que dégradé.

 

Faut-il pour autant renoncer à lui imposer des limites ?  Pas du tout ! Un enfant a besoin d'être cadré, et l'autorité parentale est précieuse… Mesurée et cohérente, elle sécurise l'enfant.

 

Alors que faire, face à une « crise » ?

 

Encore une fois, et je ne le répéterai jamais assez, une crise chez un enfant en bas âge n'est en rien un caprice !

Avant tout, il faut intégrer en amont que la crise est le symptôme et non le problème.

 

Tout comme pour les problématiques de troubles du sommeil pour lesquelles chercher une solution avant de comprendre comment fonctionne l'enfant n'a pas de sens.


Elle a été provoquée par une situation, un événement déclencheur, un état physique ou psychique, bref elle a une cause et il va nous falloir la chercher (même si je reconnais sans aucune difficulté qu'elle est parfois assez hallucinante de notre point de vue « de grands » !

 

Si, si, ne pas retrouver le pirate avec le bandeau rouge est suuuu-peeeeer graaave, vous ne vous rendez pas compte ! Bah oui, en même temps c'est lui qui avait la carte du trésor, toute l'histoire tombe à l'eau d'un coup, et là, c'est le drame !) !

 

Donc quand ça arrive, essayons d'appliquer un protocole très simple en 3 étapes :

 

1. Chercher d'où vient le problème :

 

Et surtout, ne pas analyser ce qu'il se passe pour notre enfant avec notre cerveau d'adulte !

 

Oui, vous pouvez littéralement ruiner sa journée et déclencher les enfers en vous trompant de couleur de verre… Eh oui, c'est très important pour lui parce que ce verre n'est pas seulement un contenant ! Il fait partie de sa sécurisation, de sa routine, de ses habitudes…

 

Et vous, ne vous est-il jamais arrivé de vous énerver parce que votre collègue a pris votre tasse préférée ? Objectivement, boire votre café dans une autre tasse en changera-t-il le goût et l'effet placebo ? C'est peu probable, et pourtant...

 

2. Gérer mes propres émotions de parent/d'adulte face à une situation que je ne maîtrise pas (ou ne comprends pas) ou tout simplement que je ne suis pas prêt(e) à gérer sur le moment :

 

Que penseriez-vous si vous veniez me raconter un gros chagrin selon votre carte du monde et que je vous répondais « mais qu'est-ce que t'as encore à chialer ?! Tu me saoules ! » parce que je suis moi-même fatiguée, (plus) triste (selon ma carte à moi), contrariée ou tout simplement occupée à une tâche bien plus importante.

 

Il n'est pas question de nier ses propres émotions - c'est même ce contre quoi je me bats en travaillant sur les émotions des parents - mais juste de prendre un peu de distance pour accueillir et comprendre notre enfant au moment où son cerveau et son corps tout entier ressemblent à un volcan en éruption !

 

Faire un exercice de respiration ou de sophrologie, compter jusqu'à 5, boire un verre d'eau ou vous aérer quelques secondes suffiront à vous donner cette hauteur nécessaire pour ne pas envenimer la situation, et ce bien malgré vous.

 

3. Reconnaître l'émotion de son enfant, l'accueillir et l'accompagner :

 

C'est probablement la partie la plus difficile pour plusieurs raisons !

 

En premier lieu parce qu'il n'est pas toujours facile de reconnaître l'émotion (même quand il s'agit de la nôtre !).

 

D'autre part, parce que ce que nous identifions comme étant de la colère peut aussi être l'expression de frustration, de tristesse, de culpabilité, de peur, de découragement, de déception... des émotions difficiles à cerner sur le champ.

 

Ce sont ces émotions désagréables (et non négatives) qu'il va falloir comprendre et accompagner pour en arriver au retour du ressenti d'émotions agréables (et non positives puisque les émotions ne sont ni positives ni négatives).

 

Pour cela il existe plusieurs méthodes et outils mais l'objectif est le suivant :

-       permettre à l'enfant de reconnaître son/ses émotion(s) désagréable(s),

-       l'aider à verbaliser ce qu'il ressent

-       lui permettre de remplacer le ressenti désagréable par une émotion agréable, notamment grâce à des petits exercices simples inspirés de la sophrologie ou encore de l'hypnose

 

Pour finir, si ces "crises" sont répétitives, il faudra alors travailler sur la source du problème en se posant les bonnes questions.

  • Est-ce qu'aller au supermarché à 18h45 après une journée de plus de 10 heures à l'école pour se retrouver à la caisse à l'heure où l'enfant s'auto-digère tellement il a faim est judicieux ?
  • Est-ce que mon enfant n'essaie pas de me faire passer un message quand il exprime toutes ses émotions au moment du coucher alors que je suis rentré(e) depuis 15 minutes et qu'il a attendu de me voir toute la journée ?
  • Est-ce qu'il n'y aurait pas une stratégie collaborative à mettre en place pour partir du parc sans pleurs, comme une alarme sur le téléphone ou en déterminant un nombre de tours de toboggan à faire avant de rentrer ?

Bref, les solutions sont nombreuses pour gérer au mieux ces moments de nos vies de parents et des vies de nos enfants. Pour ce faire, il est surtout capital de s'intéresser à l'histoire de l'enfant, de ses parents, de sa famille/fratrie, à sa vie et à son environnement.

Il est aussi important d'être attentif à nos propres émotions, souvent exacerbées par la charge mentale.

 

Nos émotions ne sont que le reflet de ce que nous sommes sur l'instant, elles sont fugaces et nécessaires. C'est pourquoi Il est vraiment important de ne pas résumer nos enfants à ce qu'ils expriment. Un enfant n'est pas colérique, il se met en colère. Tout comme il n'est pas méchant, c'est ce qu'il fait qui peut éventuellement l'être.

 

Et pour finir, je citerai une phrase que je garde en tête en permanence : « tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime. »

 

C'est donc notre rôle de parents et un merveilleux cadeau que nous faisons à nos enfants que d'être présents à leurs côtés pour leur permettre de se construire dans la compréhension de ce qu'ils sont, émotions comprises.

 

Peut-être qu'avec toute cette prise de conscience collective, les adultes de demain seront encore plus heureux et à l'aise dans leurs relations humaines et sociales ?

 

Un article exclusif signé Béatrice Liard pour PopMoms, tous droits réservés©

  • Béatrice Liard : « Maman de jumeaux de 5 ans, j'ai créé PARENTS PAS ROBOTS en 2021 afin d'être celle que j'aurais aimé rencontrer dans les débuts de ma maternité. Aujourd'hui accompagnante à la parentalité, je suis là pour soutenir les parents et surtout les épauler sur le chemin d'une parentalité qui LEUR ressemble. Spécialisée dans les problématiques de sommeil, j'interviens au cœur des familles pour apporter des réponses concrètes et toujours sur-mesure.»

     

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Crédit photo : Canva  

 

 

 

       

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